Il est arrivé pour la France, comme hier en Espagne et en Italie. Il viendra aux USA après leur élection de Novembre. Mais, au moins en Europe, la vérité (des chiffres) s’impose. C’est la conséquence inévitable de la société industrielle dont la première loi est que 2+2 font 4, avec ou sans idéologie. Quand le régime politique est démocratique, cette loi de la nature impose ses conséquences plus vite que dans les dictatures. Il y avait des marges de manoeuvre; quand elles sont sont épuisées, on revient aux fondamentaux.
En France, le rapport de la Cour des comptes n’apporte aucune information. En Espagne et Italie, même scénario, avec déjà des gouvernements de techniciens puisque les partis politiques n’osent pas faire face. L’Allemagne peut donc, ou semble désormais accepter d’avancer l’argent nécessaire au système bancaire pour éviter sa déroute, dès lors qu’elle croit pouvoir faire confiance aux Etats pour ne plus le détourner. C’est la cause immédiate de la hausse de vendredi avec sans doute des rachats de vendeurs à découvert.
Nous avons écrit ici voici 2 mois: fin de la récession. C’est vrai pour les multinationales. Leurs chiffres d’affaires, leurs bilans et leurs trésoreries sont rassurants. Elles n’ont guère besoin du crédit bancaire et peuvent émettre directement du papier sur les marchés pour se financer. Mais la décomposition des systèmes bancaires européens et américain pèse sur le financement des PME, et confirme que la crise financière se poursuit. Les démissions des dirigeants de Barclays ( pour escroquerie) et les inquiétudes sur JP Morgan ( qui continue à cacher la réalité de ses pertes sur spéculations ratées) illustrent la perversité du réseau des grandes banques internationales et la fragilité du système. Le speed trading lui même laisse planer des doutes sérieux sur la valeur des cours affichés sur les actions: certains mouvements de fin de séance ( lundi soir à New York) semblent vraiment faits à la main pour fabriquer des cours et des tendances techniques appropriées…Les traders n’ont aucune vocation d’investisseur et recherchent seulement la volatilité. Méfiance et patience sont nécessaires.
La prise de mesures de retour à l’équilibre des finances publiques en Europe ces jours-ci, et aux USA d’ici 5 mois va entraîner le second « dip » dans l’économie mondiale. Les derniers chiffres américains l’annoncent. Notons que les consommateurs US ont déjà commencé à se désendetter (se « déleverager »). Les encours de crédit immobilier et cartes de crédit aux USA diminuent pendant que leur taux d’épargne augmente à 3% pour la 1ère fois depuis longtemps. Les Etats vont commencer à en faire autant. En analyse économique, c’est le point de passage obligé pour le début d’un nouveau cycle de croissance. Il se manifestera vers 2014.
Rappel: le précédent cycle de croissance séculaire peut être daté de 1976/1980 à 2000 ( sa fin a été retardée à 2006 par les gimmicks financiers de M. Bush et de Wall Street). La remise en ordre des finances publiques et la lutte contre l’inflation de M. Reagan avaient provoqué une profonde baisse boursière de 25%. Le Dow passa de 1000 à 750 quand les taux furent portés par M. Volcker jusqu’à 18% ! Ce qui étouffa l’inflation. Elle fut suivie par une croissance qui a multiplié les cours par 12 jusqu’ à l’an 2000. Rappelons nous que le Dow était déjà à 1000 en 1968, début de la crise boursière et économique séculaire précédente; dont le creux fut en 1976…
Même scénario en vue.
Conséquences: rester à l’écart des banques dont les comptes demeurent opaques et qui devraient connaitre des accidents avec le retour des finances publiques à l’ordre. Les espoirs de QE3 sont vains: la Chine ne permet pas au $ USA une fuite en avant aux dépens de leurs créanciers. L’Allemagne en fait autant en Europe.
L »optimisme affiché après le sommet européen de vendredi 30/06 semble prématuré car rien n’est acté. Un prochain creux boursier ( à Paris, le CAC vers 2700) marquera le début de la vraie reprise boursière et l’occasion de sortir des obligations. L’or affiche déjà un graphique clairement à la baisse, signe que la quête de valeurs refuge commence à se ralentir. Les marchés anticipent toujours.