La Bohême et l'ivraie (1990) — Fleuve Noir.
Mytale (1991) — J'ai Lu.
Étoiles mourantes (avec Jean-Claude Dunyach, 1999) — J'ai Lu.
Qu’il situe ses romans sur Terre ou dans l’espace, Ayerdhal écrit une SF profondément politique, toute impliquée dans les luttes de pouvoir, et surtout pour se débarrasser des oppressions, économiques ou puritaines. Ses héros défendent les valeurs naturelles et les droits des peuples autochtones, utilisent l’art comme une arme (La Bohême et l'ivraie), ou changent de sexe à volonté (L'Histrion, Sexomorphoses). Sa plus grande réussite dans le domaine qui nous intéresse est peut-être Mytale, un planet opera inventif et plein d'action qui fait la part belle aux pouvoirs parapsychiques. Quant à l'épais Étoiles Mourantes, qui reprend et prolonge l'univers créé par J.-C. Dunyach dans Étoiles mortes (Fleuve Noir), il souffre quelque peu de l’ampleur du projet esquissé, sans doute impossible à achever avec la même ambition.
Du point de vue romanesque, Bordage reprend là où Edmond Hamilton s’est arrêté : ses sociétés planétaires sont calqués sur celles du Moyen-Âge ou de la Renaissance, avec un rôle particulièrement peu reluisant dévolu aux prélats, et de jeunes héros au cœur pur. Le plus de l’œuvre c’est, outre un incroyable souffle de conteur, la conviction mystique qui emporte tout le cycle.
Omale (2001), Les Conquérants d'Omale (2002), La Muraille sainte d'Omale (2004) — J'ai Lu.
Considéré à ses débuts comme un honnête faiseur — mais il a commencé très jeune ! —, Genefort a su mûrir et imposer progressivement sa vision, construisant un univers coloré, peuplé de races les plus diverses et sillonné par les traces de Grands Anciens — ici, les Vangk, qui ont laissé des Portes dans l'espace permettant les voyages les plus extraordinaires. Genefort, qui a un vrai talent pour l’image, rappelle parfois Stefan Wul dans ses meilleurs moments. L’Opéra de l’espace — cet article ne pouvait ignorer pas plus ignorer ce titre que Space opera de Jack Vance — suit le périple aventureux d’une troupe de chanteurs d’opéra qui, pour survivre, doivent se faire aventuriers autant que saltimbanques. Sa création la plus remarquable à ce jour est Omale, un monde gigantesque dont on devine assez vite qu’il s'agit d'une sphère de Dyson, dont les habitants ont cependant le sang nettement plus chaud que les personnages de Larry Niven.
Le co-auteur de cet article — mais pas des lignes qui suivent, naturellement — a effectué quelques sorties dans l'espace extérieur au début des années 1990, avec Cette Crédille qui nous ronge (Fleuve Noir), premier essai de planet opera pacifiste, ou le facétieux Les Psychopompes de Klash (récemment réédité sous le titre Aventuriers des Étoiles (Mnémos) en compagnie de sa suite parue en feuilleton dans Bifrost), mais son space opera le plus achevé reste Le Chant du Cosmos et son avenir d'où la guerre et la violence ont quasiment disparu. Quasiment : comme dans les histoires de robots d'Asimov, où il y a intrigue seulement lorsque les lois de la robotique sont ou semblent être prises en défaut, il est nécessaire — pour l'auteur — de préserver des poches de violence. La description de la planète Éden, qui joue ici le rôle d'un de ces isolats, est un des grands moments du livre : terrés au fond de bunkers souterrains, les Édéniques ne montrent jamais leur vrai corps en public, et n'envoient en surface que des clones téléguidés (on pense aux Clans de la Lune Alphane, de Philip K. Dick) exposés aux mille morts d'un monde où chacun est en guerre perpétuelle avec tous les autres. Avec sa structure pastichant le roman sportif, Le Chant du Cosmos emmène en balade lecteur et protagonistes, surprend à plus d'un tournant, et met en jeu — c'est le cas de le dire — le sort de l'univers.Pour conclure, nous citerons un ouvrage en langue russe d’Ivan Efremov, La Nébuleuse d’Andromède (Éditions du Progrès, Moscou) l’anthologie Cor Serpentis (Éditions de Moscou), qui permettront au lecteur de se faire une idée de l’approche du space opera par les auteurs soviétiques. Et cette liste ne serait pas complète sans L’Invincible (Pocket), du Polonais Stanislas Lem, qui présente un traitement du genre à contre-courant des tendances dégagées ci-dessus.
L’année indiquée après le titre original est celle de la première parution. Dans le cas d’une prépublication en magazine, la date donnée est celle correspondant au dernier épisode. L’édition française signalée est la plus récente.Pascal J. Thomas & Roland C. Wagner