Désormais la statue de la Liberté éclaire aussi le musée d’Orsay: le Sénat a accepté de lui restituer la sculpture fondue en 1889 par le sculpteur Frédéric-Auguste Bartholdi et qui était en dépôt depuis plus d’un siècle dans les jardins du Sénat.
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Dès sa création en 1986, le musée d’Orsay, dédié aux arts du XIXe siècle et « héritier » des collections du musée du Luxembourg, a tenté de récupérer cette statue, inscrite à son inventaire. Anne Pingeot, qui était chargée à l’époque des sculptures au musée, s’est notamment démenée pour que cette oeuvre importante soit présentée à Orsay.
Pendant plus de vingt-cinq ans le Sénat, majoritairement à droite, a fait la sourde oreille. Peu avant les élections sénatoriales de septembre 2011 – qui ont fait basculer à gauche la Haute Assemblée -, le précédent président du Sénat avait encore rejeté une demande de restitution formulée par le musée, indique M. Badetz.
« Mais quelques jours plus tard, le musée a été informé que le flambeau de la statue venait d’être volé », dit Yves Badetz.
L’élection du socialiste Jean-Pierre Bel à la présidence de la Haute Assemblée le 1er octobre 2011 a changé la donne.
« M. Bel a accepté rapidement la demande du musée lorsque celui-ci l’a représentée », indique-t-on dans l’entourage du président du Sénat. « Il a pensé qu’Orsay était une place idéale pour cette sculpture et par ailleurs des actes de vandalisme sur la statue s’étaient produits ces derniers temps », ajoute cette source.
La statue, après avoir subi un siècle d’intempéries, a été repolie, ce qui lui redonne de la superbe. Son flambeau a été refait.
Le Sénat a fait fondre, à ses frais, une copie qui prendra la place de l’original.
Cadeau de la Troisième République pour le centième anniversaire de l’Indépendance des Etats-Unis en 1876, la gigantesque statue de la Liberté, qui est devenue l’icône de New York, mettra des années à être construite.
Gustave Eiffel réalise la structure métallique sur laquelle ont été rivetées les plaques de cuivre constituant l’oeuvre.
A défaut de pouvoir terminer la statue pour l’anniversaire de 1876, Bartholdi envoie la main brandissant la torche pour l’Exposition de Philadelphie. La tête, fondue, est présentée en 1878 à l’Exposition universelle à Paris. Le colosse est inauguré dans la rade de New York en 1886. Une fois la statue de la Liberté à New York en 1886, le sculpteur Bartholdi (1834-1904), de retour à Paris, avait sélectionné un prototype en plâtre de son atelier pour fondre un bronze en l’honneur du centenaire de la Révolution française.
L’Etat a acquis cette sculpture du vivant de l’artiste, en 1900, pour le musée du Luxembourg qui présentait la création de l’époque. Il a payé une somme modique correspondant au coût de la fonte pour l’artiste, raconte Yves Badetz, conservateur en chef en charge des acquisitions au musée d’Orsay.
La statue fut d’abord exposée quelques années au musée du Luxembourg avant d’être installée, en 1906, à la demande de la veuve du sculpteur, dans les jardins du Luxembourg à Paris.
Le musée a installé dans sa grande nef « La liberté éclairant le monde », bronze de 2,85 mètres qui a été restauré pour l’occasion, avec le soutien financier de l’association des American Friends Musée d’Orsay (AFMO).
Une cérémonie célébrant la mise en place à Orsay de la statue, symbole de l’amitié franco-américaine, est organisée lundi soir au musée par le président de l’établissement public, Guy Cogeval, en présence du président du Sénat, Jean-Pierre Bel, et de l’ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin.