PARS PETIT POETE
C’est bon…
Petit poète modeste et fragile
Pars comme le printemps
Temps tant tempéré
Mais qui s’éclipse
Au rythme du tangage
D’un kayak pris aux emprises
Des sinusoïdes
D’une mer porteuse
Et colporteuse d’espoirs
Pars sans toi
Sans ces mots-fantômes
Et ces reflets immortels
Qui font de toi
Un colloïde en suspension
Dans la fluidité du présent
Pars l’âme délavée
Et la mémoire engloutie
Dans l’obsession de ton au-delà
Tu partiras
Sans-parti sans partie
Sans étoile sans étole
Sans étoffe sur l’épaule
Sans amours sans glamours
Sans flammes dans l’âme
Sans cœur sans corps
Sans blaze sans blason
Sans soucis sans soutiens
Sang foi sang froid
Sans lampion sans lampadaire
Sans ailes sans zèle
Sans histoire à révéler
Aux sauvages de l’avenir
Tu partiras
Avec les talons troués
L’âme en guenilles
Les mains languies
Le cœur engourdi
Et le corps meurtri
Tu partiras
Avec les paupières troussées
Comme un pétale
Sous les flagelles des glaçons du ciel
Tu iras
Loin de l’orient et l’occident
Des lits où des étoiles
Se dessinent
Comme des constellations
De l’outre-monde
Loin des cardinaux de la terre
Loin des pluies de sang
Loin des cris et des chants d’agonies
Loin des rives rivales
Des morsures mortelles
Et des couloirs cabalistiques
Petit poète pars
Sans horizons
Sans cap et sans aiguille
Tu vas quitter
La terre et ses étrangers
Va seul et ta poésie
Dans le pays où l’âge est à naitre
Et où l’horloge est à son aube
Car la solitude
Est le seul moyen
De rester vivant au milieu des hommes.
Collinx Mondésir.