Des inconnus invités à se faire photographier dans un bus itinérant, des habitants d’une rue ouvrière en voie de démolition, Daniel Meadows photographie des gens simples avec une humanité touchante. Découverte d’un travail anthropologique et social unique sur l’Angleterre des années 70 et 80.
“Chaque photo a une histoire”, déclare le photographe Daniel Meadows dans son bureau de l’université de Cardiff où il enseigne le photojournalisme. Il raconte l’histoire d’une photo en particulier, celle de Florence, prise pour la première fois en 1974, puis une nouvelle fois plus de 20 ans après. “Florence fait partie des personnes que j’ai photographiées pendant mon tour d’Angleterre avec l’Omnibus photographique”, poursuit Daniel. Après ses études de photo, Daniel achète un vieux “double decker bus” rouge, l’aménage en studio-labo-galerie et fait le tour de l’Angleterre. “Please ask for your free photograph”, peut-on lire sur les vitres du bus. Son voyage qui durera 14 mois est une invitation au portrait. De Southampton à Hartlepool en passant par Barrow-in-Furness, Daniel photographie des gens qui passent par là et “que son allure de hippy pas fraîchement lavé ne rebutait pas !”, précise-t-il un grand sourire aux lèvres. Des gens de tous âges dont Daniel enregistre aussi les histoires et auxquels, bien sûr, il offre les portraits.
L’appareil photo : passeport pour découvrir le monde
Adolescent, Daniel Meadows va voir une exposition du photographe anglais Bill Brandt. C’est le déclic. “J’ai eu une révélation en découvrant ses photos. Comment arrivait-il à être aussi à l’aisepour passer si aisément d’une classe sociale à une autre ? Je me suis dit que la clé, c’était l’appareil photos”, explique Daniel. Il sort de l’exposition en sachant que son passeport pour découvrir le monde sera un appareil photos. Il étudie la photographie à Manchester avec le célèbre photographe Martin Parr. Ensemble, ils travaillent sur le projet “June Street”. Ils photographient les habitants d’une rue de la banlieue de Manchester vouée à la démolition. Puis sa curiosité des autres le pousse à aller plus loin et dans les années 90, il entreprend de retrouver les personnes qu’il a photographiées lors de l’aventure de l’omnibus. Il photographie ceux qu’ils retrouvent. Les diptyques passent en boucle sur un écran digital. Ils ont quelque chose de fascinant. Chacun y voit quelque chose de différent. Pour certains, ce sont les modes qui frappent, pour d’autres, les ressemblances, les marques du temps qui passent. Mais pour Daniel, c’est surtout la relation entre lui et le sujet qui importe.
Des photos, des histoires
C’est par des petits films réalisés par Daniel que l’exposition se termine. Il raconte les histoires des gens qu’il a photographié comme celle de Florence retrouvée plus de 20 ans après avec les mots simples et émouvants de quelqu’un qui a su établir un lien, une relation intimes avec ses sujets. Ses petits films sont comme des nouvelles qui nous transportent dans son monde de photographe et de conteur d’histoires. De son travail dégage une force humaine, sociale et documentaire difficilement égalable. Et la vision du monde de Daniel Meadows est une des plus belles leçons d’humanité.
Daniel Meadows est exposé au National Media Museum de Bradford jusqu’au 19 février : http://www.nationalmediamuseum.org.uk/PlanAVisit/Exhibitions/DanielMeadows/ImageGallery.aspx
Pour en savoir plus sur Daniel Meadows : http://www.photobus.co.uk/
Son livre écrit par Val Williams : Daniel Meadows: Edited photographs from the 70s and 80s est un “Must Have” : http://www.photoworks.org.uk/programme/publications/daniel-meadows-edited-photographs-from-the-70s-and-80s
L’histoire de Florence : http://www.photobus.co.uk/?id=533