C’est toujours une fierté pour un groupe d’être reconnu par ses pairs comme ayant le “truc” qui les différencie des autres, qui permette de se dire en l’écoutant :”Ah, Ça, c’est les Roots”. Mais ce n’est pas une fin en soi… Et eux l’ont bien compris, repartant cette fois-ci pour leur 10ème album, avec pour concept l’existence d’un homme fictif, Redford Stevens. Pour tout dire, je n’ai été que surpris à moitié en constatant les critiques élogieuses faites à propos de cet album, puisqu’on a là un vrai pont entre le passé et le présent. Tout en gardant cette patte Hip Hop marquée par de multiples influences, on constate une fois de plus une évolution chez The Roots. Entre un côté intemporel et une modernité affirmée, on obtient donc un album très cohérent, servi par des collaborations très appréciables, comme celle de Big K.R.I.T, Dice Raw ou Greg Porn.
Le choix de l’album concept est loin d’être anodin. En effet, le nom du personnage provient déjà d’une chanson de l’artiste Indie Sufjan Stevens. Cette influence Indie, on la retrouve beaucoup dans cet opus, peut-être même plus que dans le précédent How I Got Over (2010). Ensuite, cette manière de concevoir Undun permet d’appréhender l’album avec une certaine logique…En théorie ! L’originalité de l’album étant la chronologie inversé, surtout vis-à-vis des textes…Pour le coup, la formation demeure fidèle à elle même en exposant la triste de vie de ce personnage contraint de vivre par le crime
afin de profiter du peu de chose que son existence pourri lui propose…Celle que l’on voit sur la jaquette… Des paroles engagées donc, mais qui n’exposent pas tant la fatalité de la situation que la résignation, que ce soit dans le ton affirmé de Black Tought ou dans les parties instrumentales. Ainsi, les guitares funky de “Kool On”, ou les intonations Soul de “One Time” ou “Lighthouse” apporte de la chaleur par moment, l’espoir peut-être ? Moi qui vous parlais de modernité tout à l’heure, on la retrouve donc avec des basses très profondes, alors que la caisse claire de Ahmir “?uestlove” Thompson est au contraire assez appuyée, pour un rendu percutant. On retrouve également des sons presque 2-Step sur le morceau “Sleep”, ce qui est plutôt surprenant pour un groupe formé en 87, mais qui prouve une fois de plus que les Roots sont rois lorsqu’il s’agit de se renouveller ! Le Hip Hop n’est pas en reste bien sûr, en témoigne les beats incisifs présents sur “The OtherSide” ou “Tip The Scale”. Même la musique classique est là, avec des arrangements de cordes, notamment sur les derniers titres pour une fin totalement apocalyptique !
Vous l’aurez compris, ce n’est pas cette fois-ci que j’irai à l’encontre des reviews faites auparavant. J’en suis presque à me demander si les Roots n’ont pas déjà songé à changer de nom tellement leur musique se métamorphose en permanence, sans jamais rester accroché au passé !
The Roots - Sleep
The Roots - One Time (feat. Phonte & Dice Raw)
The Roots - Kool On (feat. Greg Porn & Truck North)
The Roots - The OtherSide (feat. Bilal Oliver & Greg Porn)
The Roots - Redford (For Yia-Yia & Pappou)