Christophe, le prénom qui s’était fait un nom
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Depuis, je me remémore tout cela. Souvenirs pareils à des instantanés, façon photos reportage. Les mots m’arrivent en rangs serrés, précis, comme si une main invisible les avait déjà écrits. Tout se met en place, puzzle fictionnel. Que dire de Christophe ? Car paradoxalement, malgré son œuvre, l’homme se dévoile de façon floue, à la manière d’un croquis, d’un brouillon. J’avais besoin d’une mise à jour, le concert remplit cet office. Réfléchissons. Un portrait de Christophe. J’ai déjà évoqué l’homme dans sa chair, enfin, tel qu’il m’est apparu. Sur scène puis en mode décontracté, buveur pénard. Je sens qu’une rétrospective m’aiderait dans cette tâche ô combien délicate. Je passe en revue de mes doigts imaginaires les pochettes cartonnées d’une carrière bien remplie, pas finie. 33 tours et puis demeurent. On y trouve les classiques, Les Paradis Perdus, les Mots Bleus bien sûr et le Beau Bizarre. Des œuvres déroutantes, tantôt pop, tantôt punk, tout cela livré en un faisceau d’années. Entre les géants Gainsbourg et Manset, Christophe s’est fait un nom, un grand même. Une place aussi en donnant du coude avec son univers patraque, dandy et singulier. Pour faire parler les sons, il s’entoure de personnalités atypiques, Jean-Michel Jarre, Bob Decout et même la légende du nouveau journalisme rock, Philippe Paringaux. Pour le reste, le maître est aux commandes. Homme orchestre maniaque, il passe un temps fou à travailler, enregistrer, mixer chaque piste, définissant un style pour les décennies à venir. Et ce malgré les courants, les modes. Un touche-à-tout. Génial. Parfois minimal, parfois kitsch. Peu importe. Les chansons s’affirment, cohérentes, hantées, à nulle autre pareille. Comme sur le morceau titre Le Beau Bizarre où le saxo s’épanche en feulement pour céder place à une sorte de bal musette électronique. Mélange fou. Cocktail imparable, efficace. Ou sur Un Peu Menteur qui sonne trente avant comme du Alister. Même morgue. Ces choix s’ils ne payent pas forcément en terme de ventes emportent l’adhésion de la critique. Le chanteur aux moustaches en longs pinceaux séduit son petit monde. Quentin Tarantino inclus qui respectueusement retiendra Sunny Road To Salina pour la BO de Kill Bill. Pour tout dire, cette salutaire infidélité aux lois du commerce lui a conféré au fil des années indépendance et liberté. Mieux qu’un promoteur, Christophe fut et restera un artiste de variété de sons, inventeur d’images, compositeur de temps, au pluriel, miniaturiste d’instants. Un homme buvard, absorbant les influences, et cependant peu bavard ; une économie de notes et de mots suffit à instaurer un climat, dixit Les Mots Bleus, son Night In White Satin à lui, ou plus récemment Panorama de Berlin aux entrelacs électro jazz. Le célèbre peintre contemporain Gerhard Richter affirmait : « Je n’obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance ; je n’ai ni programme, ni style, ni prétention. J’aime l’incertitude, l’infini et l’insécurité permanente. » Des mots ainsi dépeints qui conviendraient merveilleusement à Christophe. Artiste insolent et libre.
Christophe
« L’intime tour »09/01/2013 : Nantes, Cité des Congrès
12/01/2013 : Lyon, Le radiant
22/01/2013 : Tours, Le Vinci
24/01/2013 : Marseille, Le Silo
28/01/2013 : Paris, Théâtre Marigny
29/01/2013 : Paris, Théâtre Marigny
Mon Very Bestophe :
http://www.deezer.com/fr/music/playlist/91314391
03-07-2012 | Envoyer | Déposer un commentaire | Lu 411 fois | Public