Le sablier de l’année 2012 s’est déjà à moitié écoulé. Et comme les six premiers mois ont été relativement riches en nouveautés, on regarde donc en arrière et fait un bilan musical de ce premier semestre. Chaque rédacteur de l’équipe d’Across The Days dévoile les albums/EP qu’il a écoutés et surtout qu’il a préférés : c’est le top de la mi-année.
Clémentine Blue
WhoMadeWho – Brighter
Un bon disque des danois pour partir loin et rouler vite sur des routes toutes droites. De la disco, de la pop, des mélodies lancinantes et des tubes à la chaîne : que demander de plus ? Mention spéciale pour leurs lignes de basse incroyablement dansantes. Vous croyez peut-être avoir à faire à de joyeux loulous qui font de la musique pour danser en boîte ? Eh bien vous faites erreur, car la profondeur de certains refrains frôle la mélancolie. Leur « Brighter » serait presque « darker ».
Blood Red Shoes – In Time to Voices
Le duo trash-pop de Brighton ne me lasse pas. Des émotions brutes animent In Time To Voices, un album fourni : entre chansons punks aux voix écorchées vives, mélodies pop portées par le timbre de Laura et expériences synthétisantes, on ne s’ennuie pas. Et si vous n’avez pas encore apprivoisé cet opus, et bien moi j’ai réussi.
Chairlift – Something
Something est un album inqualifiable, sinon d’intriguant. Tout comme le titre de leur single « Amanaemonesia », un mot inventé par le groupe. De la pop ? Peut-être. De la soul ? Oui mais non. De l’électro ? Je ne suis pas convaincue. Ce qui donne une teinte si particulière à cet album, c’est la voix de Caroline Polachek. Vocodée ou naturelle? On nage un peu en eaux troubles. Mais quand on arrête de tergiverser en se posant mille questions, on se rend compte que cet album est tout simplement bon !
Sinh Blum
Grimes – Visions
Tous les ans, le Canada nous livre ce qu’il a de meilleur avec un artiste qui réussit à renouveler un genre pour un album passionnant. L’an dernier, The Weeknd a foutu une claque au r’n'b. Cette fois-ci, c’est Claire Boucher qui s’attaque à une électro-pop, celle qui prend aux tripes, celle dont on ne se lasse pas. Visions est un album rêveur, une déclaration d’amour au DIY qui rend…fou amoureux.
Tristesse Contemporaine – Tristesse Contemporaine
Un trio qui vient des quatre (ou plutôt trois) coins du monde et basé à Paris, un parcours singulier pour une musique qui l’est tout autant. En toute simplicité, ce trip-hop onirique se sert dans un hip-hop doux comme du velours, avec une pointe d’électro qui s’en prend aux pieds et aux hanches. Le genre de surprise qui se transforme en vraie réussite au fil des écoutes.
Juveniles – Juveniles EP
Beaucoup d’amour pour ces Rennais qui ont réussi à s’imposer au sein de la scène nationale en quelques morceaux géniaux et aux concerts à l’assurance imposante. Ici, ils font de leur nu-wave (appellons comme cela ce mélange de new-wave über-eighties qui se pose en héritier du nu-rave des Klaxons) une tuerie assez incroyable. Chaque morceau de cet EP est un tube en puissance, du single « Through The Night » (dont les remixes signés Yuksek et Breton relèvent encore plus le niveau) à « Blackout ». C’est peu dire qu’on attend la suite avec l’impatience.
Ken Bruno
Klub des Loosers – La fin de l’espèce
Après huit ans d’absence, le duo versaillais a fait un retour des plus fracassant cette année. Les deux comparses ayant muri, les sujets abordés ne sont plus les mêmes qu’à l’époque de Vive la Vie. La Fin de l’Espèce est un pamphlet intelligent ayant pour cible la vie humaine et plus particulièrement la procréation, le tout vu par un trentenaire un brin misanthrope en la personne de Fuzati. Pas forcément accessible mais vraiment réussi, cet album a largement mérité l’attente qui lui était incombée.
Toro Y Moi – June 2009
June 2009 n’est pas vraiment un « nouvel » album puisqu’il ne contient que des unreleased de Toro Y Moi, mais quelles unreleased ! La plupart des sons présents ont été produits au début de la carrière de Chaz et, là où comme beaucoup d’artistes de l’ère chillwave, son travail a nettement évolué depuis. Il est plus que plaisant de retrouver ce côté innocent et frais dans ses productions. Au final, June 2009 est pour moi le meilleur album de Toro Y Moi, alors même que Causers of This avait déjà placé la barre très haut.
Lotus Plaza – Spooky Action at a Distance
La grosse surprise de ce début d’année, Lockett Pundt (alias Lotus Plaza), le guitariste de Deerhunter, est de retour en solo. Après un excellent premier album, le clou est enfoncé avec ce recueil de sons à l’ambiance très atmosphérique. La patte Pundt se fait clairement sentir, les riffs de guitare font planer et nous rappellent ce que Desire Lines nous avait fait ressentir à l’époque d’Halcyon Digest.
Olivier Cron
Jack White – Blunderbuss
Premier album du monsieur et quel album ! Jack White entame sa carrière solo de la meilleure des manières avec une galette réussie, puisant autant dans le rock que le blues. Les instrumentations sont le plus souvent aérées, avec même un léger parfum de country et de soul. Un vrai plaisir.
Deluxe – Polishing Peanuts
Signé sous le label Chinese Man Records, les petits protégés de »L’homme chinois » dévoile en six titres l’énergie qui compose son univers. On a là une définition parfaite de l’ambiance festive, dansante avec un mariage habile entre hip-hop, funk, jazz, soul. Un swing unique.
Beat Assailant – B
Connu pour son hip hop – jazzy – funk, Adam Turner, allias Beat Assailant, entame un revirement total avec ce nouvel album. Désormais un beat, un sample et un micro. L’essence même du genre hip-hop. Avec B, Beat Assailant dévoile son oeuvre la plus brut de décoffrage qu’on écoute sans relâche.
Hugo Deganis
Royal Ties – Suit Up
Suit Up est un EP d’électro comme je les aime. Pas de voix inutiles, quel soulagement ! Quatre très bon morceaux d’électro : « Suit Up » et le remix par Superhero; « Catch 22″ et « Modern Romance » ainsi qu’un morceau un peu à part : « Angel Face ». On se tourne vers une pop/rock assez propre, très épurée. L’EP semble très inspiré des Crookers et de Daft Punk (les premières notes de Catch 22).
Thomas Belhom – Rocéphine
Deuxième album du français Thomas Belhom. Album expérimental que j’écoute en boucle. Des chansons planantes de 49 secondes (Bryonia, Roséphine in the Realm), qui font évidemment penser à Daft Punk, notamment du fait de l’omniprésence des sons extérieurs. Des inspirations de musique du monde, surtout asiatique (« Ciel »). Des chansons pop/rock très abouties (« Go TV! »). L’artiste le plus complet de ce début d’année.
Wes Anderson - BO de Moonrise Kingdom
Même si cette bande-originale est légèrement moins réussie que celle de The Darjeeling Limited (le magnifique « Where do you go to my lovely »), l’album reste magnfique. Les compositions de Alexandre Desplat (qui devient le compositeur à la mode), Françoise Hardy, Hank Williams ou encore Camille Saint-Saens se cotoient pour notre plus grand plaisir !
Louis H
Beach House – Bloom
Beach House persiste et signe cette année avec un quatrième album d’un tel acabit qu’il continue encore à tourner en boucle sur mon ordinateur. La chose avec eux, c’est qu’en quatre albums, ils ont réussi à suivre la même ligne sonore sans ne jamais se répéter. C’est rare de voir des artistes qui, au quatrième album, continue à produire des pépites de ce genre. Beach House est en train de marquer définitivement l’indie pop et ce n’est pas prêt de s’arrêter.
Y La Bamba – Court The Storm
Je me rappelle encore du moment où j’ai écouté leur chanson « Hughson Boys » pour la première fois, tout mon côté droit était envahi de frissons. Y La Bamba, c’est un drôle de mélange, entre sons pop folk-ish et rythmes d’Amérique Latine, le tout bercé par la voix de velours de sa chanteuse. Ils sont capables de refrains qui vous transcendent et pour cela, chapeau bas.
Foreign Fields – Anywhere But Where I Am
Mon coeur balançait entre BRNS et Foreign Fields mais le choix s’est porté pour ces deuxième tant l’album a été réalisé avec magnificence. Inutile de se répéter, vous trouverez la chronique ici.
Joseph Lanfranchi
The Hives – Lex Hives
Lorsqu’on veut du rock et du vrai c’est souvent assez difficile à trouver, heureusement les Hives sont là et nous ravissent avec ce nouvel album aux douze titres ravageurs. Chaque morceau est une pilule survitaminée aux riffs ravageurs. De « Come On! » à « Midnight Shifter » en passant par l’excellent « These Spectacles Reveal The Nostalgics », impossible de rester assis : on se lève et on en redemande.
Citizens! – Here We Are
Le groupe écossais nous livre son premier album, produit par le chanteur des Franz Ferdinand. La sortie du disque précédée par la révélation au compte-goutte de singles tubesques (True Romance, Reptile, Caroline) nous révèle onze chansons pop assez variées. On passe de tracks plutôt sombre à des chansons pop pleines d’énergie, celles-ci ayant pour facteur commun la voie si particulière de Tom Burke et l’envie de danser qu’elles nous procurent.
Lemâitre : Relativity (1+2)
Les norvégiens nous ont livré en ce début d’année deux EP. Le duo navigue toujours entre électro puissante et passages plus pop accompagnés de voies. Un point commun : la fraîcheur que l’on retrouve dans chaque composition. Ajoutez à cela des synthés bien senties soutenus par des beats devastateurs et vous obtenez des rythmes qui vous secouent les mollets !
Louis Lepron
Alt – J – An Awesome Wave
Voilà six mois, ATD mettait sur un piedestal « Tessellatte » et « Breezeblocks », deux tracks du groupe Alt-J, inventant par là même un dialogue entre un père et son fils. Les morceaux, évidemment, plaisaient. Mais lorsqu’un album, intitulé « An Awesome Wave », apparaît, serti d’une introduction, de deux trois interludes et, au bas mot, de treize chansons, on craint le pire. Que les perles qu’on avaient aimées, appréciées et cajolées coulent en mer, au milieu d’un album décevant. Les treize chansons terminées, on est soulagé : le bateau n’a pas coulé, on a été transporté.
Para One – Passion
Si le nouvel album de Para One, Passion, était la bande-orginale d’un film, il faudrait aller chercher du coté de Richard Kelly pour Donnie Darko. C’est en tout cas ce a quoi fait penser « Ice Cold », track introductive planante. La suite, c’est du Para One à son plus haut niveau : une ambiance robotique, comme si le dubstep de Burial avait rencontré la pop. Mention spéciale a « Poisoned Apple » : on se croirait revenu au temps de Pharcyde, donnant une idée des influences old school de Para One, confirmée par « When the night ». « Lean on me » fait le reste du travail, entre un son tout droit venu de Bristol et des vocales Daft Punk.
Sebastien Tellier – My God is Blue
Que possède la France comme joyaux pop depuis la mort de Serge Gainsbourg, cité dans les journaux à en devenir malade ? La French Touch me direz-vous, cette nébuleuse de formations en provenance de Versailles, de l’electro de Air au rock de Phoenix. Mais depuis quelques années, le barbu Sebastien Tellier, clone musical tout en finesse de Sebastien Chabal, fait son trou. Jusqu’a My God is Blue, son dernier album : les compositions sont aussi barrées que le concept que promeut le musicien, mais la recette prend, permettant d’accéder a la puissante « Russian Attraction », placée au milieu de l’album comme si elle était le pic d’un cardiogramme. Vivement le prochain concept : on l’attend de pied ferme, après le mouvement raëlien , pourquoi pas une dictature à la Kim Jong Il.
Loïc Marszalek
Beach House – Bloom
Comment ne pas citer l’excellentissime album de Beach House qui, depuis le mois de mai, accapare mes nuits. Le duo américain a su tirer le meilleur de ses précédents opus pour nous offrir une musique sans fioriture, juste et envoûtante que ce soit sur scène ou sur CD.
La Sera – Sees The Light
Katy Goodman (alias « Kickball Katy ») s’aventure en dehors du sentier des Vivian Girls (groupe de riot girls tatouées à l’attitude punk). Accompagnée de Jenn Price à la guitare et Brady Hall à la batterie, elle dévoile sa personnalité à double-face. Alternant entre balades pop menées par sa voix de cristal et riffs énergiques rappelant le punk des Vivian, son album est une excellente surpris, de par son intelligence et sa beauté.
jj – High Summer
L’EP sort à peine et les jj (« Joakim et moi », en suédois) se faufilent de justesse dans mon top de la mi-année. Ceci dit, j’aurais été frustré qu’ils n’y soient pas. Les cinq titres livrés sont d’une fraîcheur que vous ne rencontrerez même pas en allant faire votre marché du dimanche matin. Joakim et Elin nous mènent au coeur des fjords de leur nation, au milieu desquels on se laisse candidement dériver. L’EP est en téléchargement gratuit via leur label Sincerely Yours, donc n’hésitez pas. Sautez dessus.
Kévin Osmont
Alt J – An awesome wave
Une base pop, un rock féerique, pimenté par de l’électro savamment dosé, ajoutez à cela un zeste de folk, mélangez le tout avec la voix nasale de Joe Newman et vous obtenez An Awesome Wave » ! L’album incontournable de ce début d’année.
Breton – Other people’s Problems
Comment ne pas évoquer ces jeunes anglais tant ils ont fait parler d’eux, compositeurs, réalisateurs et même écrivains, les londoniens hyperactif de Breton sont la figure représentative de la scène Underground actuelle. Véritable mélange de styles, leur premier album, indéfinissable, est un manifeste du surréalisme musical.
Belleruche – Rollerchain
Pour représenter les voix féminines, très présentes en ce début d’année, j’avais envie d’élire une « Soulwoman », j’aurais pu choisir Brittany Howard avec Alabama Shakes mais c’est finalement pour la petite voix craquante de la londonienne du groupe Belleruche que mon cœur a penché. Avec ce dernier album, Belleruche conserve le style qui a fait son succès tout en s’aventurant vers des rythmes trip hop à l’anglaise.