Turbulences est une des plus belles expositions thématiques que l'Espace culturel offre au regard du public. Une des plus "accessibles" aussi. Elle réunit onze artistes qui ont chacun employé un médium différent.
Miguel Chevalier figure parmi les pionniers de l'art virtuel et numérique.. Il revendique clairement la référence à l'Action Painting. Dans le hall, un rideau de fils sert d'écran de projection sur lequel des tourbillons de couleur semblent se déposer au fur et à mesure des déplacements des visiteurs. Des capteurs de mouvement traduisent les mouvements en traces, indirectement inspirés des drippings de Jackson Pollock. Chaque visiteur créé une turbulence éphémère qui s'évanouit dans un halo de couleur.Loris Cecchini a reconstitué les ondes circulaires qui se propagent à la surface de l'eau sous l'effet d'un choc. elles sont ici verticalisées sur un mur et bousculent notre perception.
Jorinde Voigt est une artiste, philosophe et musicienne par ailleurs, qui construit son oeuvre avec une base de systèmes numériques. Elle a ainsi composé un polyptyque de 14 dessins complexes et pensés en réseaux, comme des toiles d'araignées qui s'élargisse de 10 cm en 10 cm, patiemment chiffrées et annotées.Son oeuvre est à la fois intellectuelle et esthétique qui vue de loin ressemble à des fils cousus et qui de près laisse apparaitre les chiffres. La jeune femme (à droite sur la photo) signé également l'oeuvre qui anime la vitrine de la rue Bassano.Petroc Sesti a créé un tourbillon dans un volume cristallin empli d'un liquide transparent. On le perçoit comme un phénomène étrange qui parait néanmoins naturel, comme s'il fonctionnait seul. Le cube abrite un moteur qui actionne une petite hélice qui, en tournant, provoque une tornade d'air évoluant à des rythmes différents. Simplissime donc. L'artiste avoue une influence remontant à la toupie de l'enfance qui tourne sur elle-même en continue comme cette tresse d'air et d'eau.Attila Csörgo est un "géant" hongrois d'un mètre 95. Loin du digital, son oeuvre montre ce qui se passe quand on place un courant d'air sous une quasi-sphère de papier. Adepte de l'art du bricolage, il ne cache rien, laissant les fils à vue. Chaque quasi-sphère est différente et chacune tourne à sa propre vitesse sur une orbite qui n'appartient qu'à elle. Cet artiste passionné de lévitation, a été marqué par des images comme celle du premier homme marchant sur la lune.Juste un peu plus loin, à l'inverse, Pascal Haudressy mélange images digitales, projections et sculpture comme ici une branche d'arbre. Il insère un bug dans le flux numérique. Le résultat est une image qui s'accroche dans l'angle de la pièce. Il avoue l'influence de l'art romantique et de l'art asiatique de Samarcande.Que se passerait-il si l'on était sur une autre planète ? Sachiko Kodama s'intéresse autant aux arts, aux sciences et à la littérature. Elle a reconstitué avec beauté et poésie deux rochers qu'elle nous fait découvrir à travers une fenêtre dans laquelle elle s'est amusée à s'accouder le temps d'une photo.C'est un jardin sur un plateau avec tous les éléments traditionnels du Japon à commencer par le disque d'or bouddhiste. La matière noire est un ferro fluide utilisé d'habitude en connectique informatique ou dans la recherche médicale. Elle a inventé ce système dont elle améliore la technique depuis l'an 2000.Angela Bulloch est une artiste canadienne née en 1966. Son travail se concentre sur la plus petite unité lumineuse, le pixel. Dans chaque cube, intitulé boite pixel, se trouvent trois tubes fluorescents des trois couleurs primaires, rouge, vert et bleu, avec lesquelles au total on peut obtenir 16 millions de combinaisons. Autant dire qu'aucun visiteur ne les aura toutes vues, et serait bien en peine de prétendre en préférer une parmi toutes.Zilvina Kempinas est un artiste lituanien de 45 ans dont une oeuvre est déjà exposée au centre Pompidou, elle aussi composée de ventilateurs industriels et d'une bande magnétique. Il aime la combinaison du mat et du brillant de ce matériau, sa légèreté et sa solidité, son coté aérien, propice à un équilibre précaire mais infini, dont le symbole physique flotte en permanence.
Ryoichi Kurokawa mélange ses dessins à des paysages réels qui se déroulent sur 5 écrans offrant 5 possibilités d'horizons. L'oeuvre, d'une durée de 8 minutes, évoque le désordre du monde dans lequel on vit. Il faut s'asseoir sur le banc et prendre le temps de la regarder entièrement, en écoutant la musique électronique qui accompagne les mouvements.
Enfin, dans la rotonde, Elias Crespin suspend des formes simples dans l'espace qui se déploient suivant une délicate chorégraphie.
TURBULENCES jusqu'au 16 septembre 2012 àl'Espace culturel Louis Vuitton, 60 rue de Bassano, 75008 Paris, 01 53 57 52 03
Entrée libre, du lundi au samedi de 12 à 19 heures, dimanche et jours fériés de 11 à 19 heures