Les auteurs de l'University of Manitoba et de la McMaster (Canada) sont les premiers à avoir étudié le lien possible entre le châtiment corporel sévère, jusqu'à gifler, fesser, frapper mais, précisent-ils, en l'absence de mauvais traitements plus grave des enfants comme une maltraitance caractérisée avec violence physique, sexuelle ou psychologique, comme la négligence physique ou affective ou encore l'exposition à la violence du partenaire intime.
Les auteurs ont analysé les données représentatives de la population américaine adulte issues de la National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions recueillies entre 2004 et 2005 (N = 34 653) et constatent que les châtiments corporels sévères sont associés à un risque accru voir plus que doublé, de troubles de l'humeur, anxiété, abus d'alcool et de drogues et les troubles de la personnalité. Et cela indépendamment d'autres facteurs de risque sociodémographiques ou familiaux (OR : de 1,36 à 2,46). Ainsi de 2% à 7% de ces troubles mentaux seraient attribuables à des antécédents de punitions physiques sévères.
L‘étude confirme donc le lien entre châtiments corporels dans l'enfance et troubles de la personnalité, plus tard dans la vie. L'American Academy of Pediatrics, qui édite la revue Pediatrics, s'oppose d'ailleurs dans ses recommandations, comme la plupart des professionnels de l'enfance, au recours à la punition physique.
Et la fessée rare et appropriée ? Si le lien apparaît ici, comme significatif, certains psychologues, comme le Pr Robert Larzelere de l'Oklaoma State University, spécialiste de l'éducation des enfants, « mettent un bémol » en expliquant que si la fessée est rarement utilisée et de manière appropriée et que l'enfant la perçoit comme étant motivée par le souci d'un « bon » comportement et pour son « bien-être », alors elle ne serait pas autant préjudiciable. Son étude de 2005 (1) montre en effet que la fessée utilisée de manière appropriée, peut, dans certains cas, se révéler efficace pour éliminer les comportements déviants. Il faut aussi reconnaître que de nombreux parents, équilibrés, n'utilisent la fessée qu'à contre-cœur et en dernier recours, et peuvent trouver que la fessée peut parfois être utile et bénéfique pour l'enfant.
Source: Pediatrics Published online July 2, 2012 doi: 10.1542/peds.2011-2947 “Physical Punishment and Mental Disorders: Results From a Nationally Representative US Sample” (Visuel © ia_64 - Fotolia.com)
(1) Behavioral theory and corporal punishment. In M. Donnelly & M. A. Straus (Eds.), Corporal punishment of children in theoretical perspective (pp. 91-102). New Haven, CT: Yale University Press.