Rigueur budgétaire : Allons chercher l'argent dans les paradis fiscaux d'Europe !

Publié le 02 juillet 2012 par Slovar
Alors qu'elle est en pleine crise financière, l'Europe subirait une évasion fiscale annuelle de 1.000 milliards d’euros, sans compter son économie noire. Qu'attendent les chefs d'état et de gouvernement à la recherche de recettes ?

Dans toute l'Europe, on ne fait que parler de coupes budgétaires et de mesures d'économies drastiques. La dernière mode étant à la liquidation du moindre acquis social et du droit du travail. Hé oui, nous répète t-on les caisses des états sont vides ! 
Or, à la lecture d'un petit article de L'Express.be daté du 29 juin, on s'aperçoit que de l'argent, il y en a beaucoup. La seule condition pour le trouver étant de s'intéresser aux paradis fiscaux européens et à leurs clients qui eux se portent à merveille !  
Que nous apprenent-ils ?
« La Commission Européenne vient d’épingler plusieurs pays européens dans un rapport dans lequel elle les accuse d’avoir permis une évasion fiscale de l’ordre du millier de milliards d’euros, le double des 5 plans de sauvetage additionnés (492,5 milliards d’euros), et même, dans certains cas, de s’opposer à la mise en place de législations pour lutter contre les paradis fiscaux.
Le rapport met ainsi en cause la Bulgarie, Chypre, ainsi que la Grèce, pour l’importance de leurs économies souterraines, respectivement 30%, 26% et 24% de leur PIB. Chypre a été très critiquée pour ne pas avoir implémenté de façon adéquate la législation européenne existante. Au total, la valeur de l’économie noire est estimée à 2.000 milliards d’euros en Europe (...)  »
Rappelons à ceux qui l'ignoreraient que Chypre s'apprête à prendre la présidence semestrielle de l'UE et à fait appel à l'Union européenne pour son secteur bancaire en difficultés. Et même si le directeur du Réseau pour la justice fiscale concède que : « En termes d'échelle, c'est un acteur insignifiant dans le secteur des services financiers offshore (...) à côté des monuments européens : « (...) c'est une niche pour les flux illicites entre les ex-pays de l'Union soviétique » Les monuments européens étant : Londres, Luxembourg ou Zurich
Quelques chiffres qui en disent long !
Ainsi, Algirdas Šemeta, le commissaire européen à la Fiscalité et à l’Union Douanière, indique que : « (...) 35% des dépôts non bancaires des pays de l’UE sont détenus par des sociétés-écran à l’étranger, dont 20%, soit 1.400 milliards d’euros seraient placés en Suisse et aux Iles Caïman, un territoire britannique ». Algirdas Šemeta n'oublie pas dans sa liste l'île de Jersey qui s'impose de plus en plus en plus : « (...) comme paradis fiscal et centre de placement non bancaire (...) »
Il semble que les britanniques eux même commencent à être excédés par la facilité avec laquelle cerains contribuables pratiquent l'évasion fiscale. En effet, cette évasion représente 5,6 milliards d'euros par an !
Jersey est dans le collimateur des autorités britanniques, qui ont de plus en plus de mal à justifier une rigueur accrue à la population, alors que des particuliers et des entreprises profitent du statut de paradis fiscal pour échapper au fisc. 
Pour la petite histoire, sachez que le ministre-adjoint au premier ministre de l'île de Jersey a menacé  la couronne britannique ... de devenir indépendante du Royaume-Uni. Mais pas l'Union européenne à laquelle elle est est associée ! 
Alors, on fait quoi ? 
Face à cette situation, la Commission européenne devrait  : « (...) s'atteler à donner forme aux idées exposées (...) Avant la fin de l'année, elle présentera un plan d’action pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, contenant des mesures spécifiques qui pourraient être mises en place rapidement. Parallèlement, la Commission présentera également son initiative sur les paradis fiscaux et la planification fiscale agressive (...) »
Autrement dit, vu le temps nécessaire à à la Commission pour présenter son plan d'action et, celui que l'ensemble des pays adhérents à l'union européenne mettra pour se mettre d'accord, il est assez vraissemblable que l'évasion fiscale a encore de longs et beaux jours devant elle.
Pendant ce temps là, les gouvernements continueront d'appliquer à leurs populations toujours plus de coupes budgétaires et de mesures d'économies dratiques ! 
Crédit photo Presseurop