Magazine Humeur

Pourquoi le nouveau défi de la Justice ?

Publié le 02 juillet 2012 par Rsada @SolidShell

christiane_taubira_justice_prison.jpg

Grande oubliée des débats et préoccupations de la dernière élection présidentielle, la condition pénitentiaire refait parler d’elle après la nomination d’une nouvelle Garde des Sceaux, Christiane Taubira, et des diverses réformes qu’elle souhaite mettre en œuvre dans les prochaines semaines.

La nouvelle Ministre de la Justice a ainsi annoncé sa volonté de supprimer les peines planchers (désapprouvé majoritairement par les français), de faire adopter les class-actions (action collectives) en France, le gel des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels ou de voir l’instauration progressive du concept d’une « justice réparative » qui placerait les auteurs de crimes et/ou de délits en confrontation directe avec les victimes ou leurs familles.

Au chapitre de toutes les annonces, l’une d’entre-elles a été accueillie avec moins d’entrain par les associations de défense des détenus. L’ancien Président Nicolas Sarkozy avait officialisé la construction de près de 30.000 nouvelles places d’ici à 2017, portant le chiffre à 80.000 au total contre un peu plus de 57.000 aujourd’hui. Dans l’attente des derniers arbitrages sur la question, il est question de porter finalement ce chiffre à 72.000 places, avec la confirmation actée de l’ouverture prochaine de 6.000 nouvelles places jugées évidentes.

L’Observatoire International des Prisons exprime son mécontentement dans une tribune, en estimant que si cette décision était confirmée, la rupture souhaitée avec la politique de l’ancienne majorité ne serait pas respectée. L’OIP rappelle qu’aucune mesure d’amnistie partielle n’a été accordée après l’élection de François Hollande, qu’avec une surpopulation effective de 117% dans nos prisons et un ralentissement des programmes de réinsertion ou des régimes de semi-liberté, la situation de nos prisons ne se dirige pas sur la voie de l’amélioration.

Par ailleurs, et c’est sans doute un argument qui ne manquera pas d’être relevé en période de crise, l’OIP insiste sur le fait que la prison a un coût pour les finances publiques et que seule une désinflation carcérale peut permettre de lutter efficacement contre la récidive d’une part, et d’alléger le poids des dépenses publiques d’autre part.

Le Ministère de la Justice a publié le 1er juin dernier les chiffres de la détention dans notre pays. Près de 66.915 personnes sont aujourd’hui détenues dans notre pays dont 2.234 femmes et quelques 770 mineurs. C’est un record, comme à chaque fois que le Ministère publie ces chiffres.

L’association Ban Public avec la participation d’Informations sans frontières, continue de publier les chiffres terrifiants des morts suspectes ou indéterminées derrières les barreaux. Depuis le 1er janvier 2012 : 42 détenus ont mis fin à leurs jours dans l’indifférence générale…ou presque.

A la manière de Blaise Pascal : « La Justice sans la force est impuissante, la force sans la Justice est tyrannique ».


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rsada 587 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte