Mercato et vente d’abonnements ont toujours été liés. Avant hier, la première phase de la campagne d’abonnements, celle du renouvellement des anciens abonnés, s’est terminée avec des résultats catastrophiques. Évidemment, l’AC Milan n’a pas voulu dévoiler les chiffres mais on parle d’une diminution de 50% par rapport à l’année passée. Les prévisions sont loin d’être encourageantes. Au contraire, même dans le meilleur des cas, on pourrait arriver à 25 000 abonnements, ce qui serait le record négatif de la gestion Berlusconi. Pas étonnant…
La vente de Kakà en 2009 a été l’effet déclencheur, il a marqué toute une époque et la cicatrice est toujours bien visible. Depuis, la vente d’abonnements n’a plus jamais atteint de bons chiffres. Les tifosi se sont sentis trahis par la société et n’ont jamais réellement pardonné la vente du plus grand champion pour combler le déficit du à une mauvaise gestion. Plus que du départ en lui-même, c’est la nouvelle politique du club qui est reprochée. Nos champions ne sont plus intouchables. L’affaire Thiago Silva en est une nouvelle preuve. Ce n’est pas tout, car plus encore que la nouvelle politique, les tifosi reprochent aux dirigeants de l’AC Milan un manque de clarté et de communication. Bon nombre de tifosi serait prêt à accepter un changement de politique, si seulement les dirigeants le disaient clairement et n’essayait pas de nous jeter de la poudre aux yeux. Cela fait des années que la société fait preuve d’incohérence et de confusion. Le cas le plus récent est celui de Thiago Silva, d’abord annoncé sans cesse invendable par Galliani & co, ensuite pratiquement vendu au PSG pour finalement tout annuler à la dernière minute. Soit on décide de vendre et on va jusqu’au bout, soit le joueur n’est pas à vendre et on entame aucune discussion. On vend ou on ne vend pas? Comment préparer le futur sans avoir les idées claires? Le message passé par les dirigeants est plutôt : « Bon, normalement on garde Thiago mais si on a une offre pharaonique, on vend et puis on se débrouillera… » Un projet disent-ils…
Et puis, après que Berlusconi ait héroïquement bloqué la vente de Thiago au PSG, Galliani a pris la relève : « L’équipe est très compétitive, il faut remercier Berlusconi. Je fais un appel public aux tifosi : faites un sacrifice, vous devez venir au stade pour remplir notre superbe stade de San Siro, pour supporter l’équipe mais aussi pour contribuer en partie à l’énorme effort du président » Donc Thiago Silva est « sauvé » et ce « sacrifice » est présenté comme le grand coup de mercato. En d’autres termes, le mercato sera low cost car pour nous faire plaisir, le président a annulé la vente de Thiago. Mais depuis quand une équipe se renforce juste en ne vendant pas ses joueurs? D’abord on se fout royalement des tifosi en leur mentant sans vergogne et puis on leur demande de faire un sacrifice pour Milan?
Pauvre petit Silvio! Du haut de ses X milliards d’euros, il s’est sacrifié pour les tifosi et maintenant il faut remplir le stade. Donc, si Berlusconi refuse de vendre un joueur, il fait un sacrifice, c’est bien ça? Et quand il a vendu Kakà et Shevchenko, c’était aussi présenté comme un sacrifice douloureux mais nécessaire. Mais alors qu’il vende ou pas il fait des sacrifices? Si pour lui rester à la tête de Milan est un sacrifice, pourquoi continuer? A propos de sacrifice : si les tifosi doivent « se sacrifier » pour aller au stade, ça sous entend que quelque chose ne tourne pas rond car théoriquement, pour les tifosi, aller au stade devrait être un plaisir, non? Alors pourquoi, on demande un sacrifice?
Avant cela, il y avait eu le cirque Tevez, la photo de Galliani avec le joueur et son agent. Là aussi, sans rien dire, Pato était sur le point d’être vendu au PSG : Galliani voulait le vendre, Berlusconi refuse… récemment, et cela a fait moins de bruit, il y a eu une petite affaire Flamini : Galliani annonce que l’offre de contrat a expiré et trois jours plus tard le Français prolonge. Finissons avec Didac Vilà (mais après on arrête même si on peut continuer…) : l’administrateur délégué déclare qu’il reste mais finalement, si une offre intéressante pour un transfert définitif arrive, il sera vendu (c’est la même chose pour tout le monde en fait, de Didac à Thiago, Boateng, Ibra…). Mais est-ce difficile de prendre une décision ferme et définitive à Milan? Est-ce si difficile de savoir ce qu’on veut, avoir un projet et le respecter?
La campagne d’abonnements envoie un message clair aux dirigeants : Les tifosi en ont marre d’être pris pour des cons. Les dirigeants espéraient que la vente annulée de Thiago Silva à la dernière minute allait déchainer les passions! En ne renouvelant pas leur abonnement, les tifosi veulent montrer leur désaccord. Le stade est difficile d’accès, il est inconfortable et l’Italie traverse une grave crise économique qui pousse les citoyens à renoncer à des plaisirs. L’insatisfaction générale fait le reste… l’amour, la passion des tifosi n’a rien à voir avec cela. Un tifoso aimera toujours profondément son club mais ne franchira pas le pas vers l’abonnement si le club le déçoit. Comme expliqué au début de l’article, la vente d’abonnements a toujours été liée au mercato. Le nouveau Milan, celui des jeunes et de l’ère low cost est peut-être compétitif en Italie mais ne peut pas garantir le beau jeu tant apprécié par les tifosi habitués à fréquenter la Scala del Calcio. En d’autres termes, on n’a pas envie de voir un Milan qui joue mal. Après avoir admiré des Kakà, Rui Costa, Pirlo, Seedorf, Boban, Savicevic, on ne peut pas être enthousiastes en lisant la liste de l’effectif composé de Traoré, Constant, Emanuelson, Flamini & co. Les tifosi veulent de la fantaisie, du spectacle… et de la clarté.
Galliani ne semble pas comprendre. Enfin, il ne comprend pas. Les tifosi sont insatisfaits et n’ont plus confiance en lui, ni en Berlusconi, à tel point qu’ils commencent à considérer Preziosi comme notre vrai président. Quelles raisons a-t-il de se plaindre? Les tifosi, eux, ont de bonnes raisons de se plaindre. Le Milan n’est plus celui d’autrefois et il ne le sera probablement pas pendant longtemps. On s’est résigné : la mauvaise gestion du club et le désintérêt évident du président ont fait plonger le club dans un cercle vicieux. Le temps passe pour tout le monde, pour Galliani et Berlusconi aussi… et nous les tifosi, on ne vit pas de souvenirs, c’est le moment présent qui compte et les trophées ne se multiplient pas entre eux dans la salle qui leur est réservée. Ce n’est pas un manque de reconnaissance, merci pour tout ce qu’on a vécu mais il y a une limite à tout. On en arrive à espérer que le président de Genoa vienne à notre secours! Non mais vous vous rendez compte? Avant il y avait un président qui achetait des joueurs, de vrais grands joueurs, maintenant, il préfère les jeunes filles. Avant, il y avait une équipe que le monde entier redoutait et respectait. Une équipe composée de champions dans tous les secteurs. Aujourd’hui, on a des dirigeants qui mendient dans le monde entier pour chercher des joueurs low costs, gratuits, des prêts avec obligation d’achat (qu’on fera en sorte de ne pas provoquer!)… Non seulement c’est inacceptable à notre niveau mais en plus, l’image de Milan en souffre et Galliani & co se mettent les dirigeants des grands clubs européens à dos. Est-ce un discours de manque de reconnaissances? Avant de répondre, il faut répondre à une autre question : pourquoi Milan est dans cette situation difficile? Doit-on être reconnaissant à vie sans condition pour 20 ans de bonheur? Faut-il leur être reconnaissant d’avoir mal géré le club depuis 5 ans, d’avoir terni l’image du club et d’avoir détruit le grand Milan? Milan est comme une personne proche et on ne peut donc pas tolérer voir ce club se faire malmener de cette sorte par des dirigeants.
Nous, on veut un projet, de la clarté et de la communication. Mais les dirigeants n’ont pas encore compris que la communication est une composante fondamentale pour toute société, y compris une de football? L’année passée, c’était l’histoire de Mister X, qui devait être un top player : Fabregas, Hamsik & co pour finalement nous présenter Aquilani comme ce fameux Mister X! Est-ce si difficile à comprendre que si les tifosi rêvent de Fabregas et voient arriver Aquilani en prêt ils sont furieux? Cette année, on a eu droit à l’affaire Thiago Silva sur laquelle on ne reviendra pas. Dans tous les cas, la communication est très mauvaise et les tifosi sont juste là pour remplir le stade et acheter les produits officiels. Il n’y a pas d’argent? On doit vendre pour acheter? Qu’on nous le dise tout de suite, sans en faire tout un cinéma, sans nous donner de faux espoirs et surtout sans essayer de nous embobiner en disant qu’on a un meilleur effectif que celui de Barcelone, qu’on est le club le plus titré du monde etc. La manière d’agir et de communiquer des dirigeants est inacceptable, que ce soit envers nous ou envers les autres clubs lorsqu’il s’agit de négocier des joueurs. C’est ce manque d’honnêteté et de franchise que les tifosi leurs reprochent, plus que la politique low cost elle-même. La société doit clairement dire quelles sont les intentions : rester compétitif à haut niveau (et agir en conséquence) ou devenir une Udinese quelconque?
Les tifosi ne demandent pas la lune. Cet été, on voulait (et voudrait) seulement un Milan renforcé par rapport à la saison passée, c’est-à-dire pas seulement confirmer nos joueurs mais aussi retoucher l’effectif et acheter un excellent milieu de terrain titulaire : le minimum pour au moins maintenir notre niveau. L’incohérence et la confusion des dirigeants fait douter les tifosi, qui ne savent plus quoi penser et hésitent donc à s’abonner. Galliani insiste et demande de s’abonner, d’avoir confiance mais les tifosi de l’AC Milan sont déçus et se sentent trahis. Pour que les tifosi puissent retrouver le sourire et l’envie d’aller au stade, l’assist doit venir du dessus. En ce moment, le président et les dirigeants semblent manquer d’enthousiasme et de conviction pour des personnes qui sont en théorie occupées à investir et à reconstruire l’équipe. Les tifosi méritent le respect. Quand ils se sentiront en confiance, en phase avec le club et avec les joueurs, ils feront sentir toute leur chaleur. Mais s’il y a bien une chose qu’ils ne supportent pas, c’est d’être pris pour des cons et être trahis. Nous on n’est pas là pour aimer des dirigeants, on aime l’AC Milan, un club, des couleurs, ce que ça représente. Les joueurs et dirigeants passent, Milan et ses tifosi restent, alors un peu de respect envers nous ne ferait pas de mal.