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The Dictator de Sacha Baron Cohen

Publié le 02 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

Revue critique de The Dictator (2012), la dernière comédie de Sacha Baron Cohen, sortie dans les salles françaises depuis le 20 juin.

Par J. Sedra.

The Dictator de Sacha Baron Cohen

N’ayant vu ni Borat ni Brüno, les films précédents de Sacha Baron Cohen, j’ai décidé de guérir ma curiosité et mon ignorance en regardant son dernier film, The Dictator, dans lequel il campe une caricature poussée de Khadafi, l’amiral-guide-suprême Aladeen de la Wadiyah.

J’ai ri du début à la fin, il y a une telle densité de bons mots, de remarques pertinentes, de références qui mettent l’antiracisme et le féminisme en face de leurs propres racisme et sexisme inhérent, qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Il y a déjà des répliques cultes parsemées un peu partout.

L’histoire suit un déroulement prévisible mais avec des péripéties inattendues. Initialement, la fin extrêmement convenue m’a déçu… jusqu’à ce que je réalise qu’en fait, elle prend le contrepied total des attentes des spectateurs ordinaires, d’une façon très subtile, et subvertit une dernière fois le social-démocratisme de notre époque.

Car, ce que dit Aladeen dans son discours à l’ONU, fondamentalement, c’est ni plus ni moins que la démocratie à l’occidentale n’est qu’une dictature dont la seule différence est que ses chefs se préoccupent d’être aimés de leurs citoyens (ou tout du moins, d’une courte majorité de ceux d’entre eux qui votent). Le monde d’Aladeen et le monde de Zoé torturent pareil, musellent leurs opposants aussi efficacement, piétinent les intérêts des citoyens ordinaires avec le même dédain. En somme : Zoé-Démocratie, je t’aime, car tu es finalement comme moi, une dictature brutale et égotiste, derrière ton masque de féminisme, ta lutte superficielle pour les libertés civiles, ton égalitarisme intolérant, ton écologisme appauvrissant, ton politiquement correct censeur, ton sécuritarisme étouffant et surtout, surtout, ton incapacité à te rendre compte des horreurs que j’ai commises en ton nom. Mais rase-toi les aisselles quand même !

Bref, le spectateur gauchiste lambda verra ce film de l’œil de l’antiracisme-féminisme-écolo, et applaudira une fin où le méchant dictateur se réforme par amour. Et le spectateur intelligent y verra une critique complète et probablement excessive de tous les travers de l’autre spectateur, et de leurs conséquences brutales qui font de la “démocratie” républicaine une véritable dictature n’ayant pas grand chose à envier à la Wadiyah.

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