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Comme tout le monde le sait, le Bucentaure était un splendide navire, orné de dorures gravées, taillées, qui, les Arsenaloti tenant les rames, servait lors des apparitions solennelles du doge, principalement le jour de l’ascension, jour des épousailles avec la mer ; mais aussi lors des réceptions des princes étrangers qui venaient à Venise. On en trouve trace depuis l’époque du doge Pietro Tradonico, élu en 836. Le dernier Bucentaure, construit sous le doge Alvise Mocenigo, sur les dessins de Natale Stefano Conti et avec des sculptures de Antonio Corradini, sortit de l’Arsenal le 12 mai 1727, peint en rouge, - c'était là son seul apparat, il ne fut doré que plus tard - et dura jusqu’à la chute de la République, c’est à dire 69 ans et 8 mois. Les choses étant changées, le Bucentaure, d'autres navires dorés qu'utilisaient le doge et la seigneurie ainsi qu'une embarcation construite en 1760 pour le duc de Jorch furent dépouillés de tous leurs ornements et sculptures, qu'on brûla dans l'île S. Giorgio Maggiore. Le squelette, ou la carène, de celui-ci existait encore en 1805 et on le transforma peu après en un navire pour la défense de la lagune. Au musée civique, en plus du drapeau de soie brodé d'or de l'avant dernier Bucentaure, on conserve sa voile dorée avec l'image de Saint-Marc et quelques autres restes du souverain. Anecdotes historiques vénitiennes" - 1897 -Giuseppe Tassini - Merci à Claude Soret pour ses traductions.