Cette initiative vient certainement à point pour accompagner la progression sensible des ventes de téléphones équipés d'une interface NFC, dont le parc devrait atteindre 2,5 millions à la fin de l'année, selon Cityzi.
Pour ceux qui seraient perdus dans cette jungle technologique, rappelons que le composant "sans contact", qui permet les communications radio à courte distance entre le téléphone et un lecteur NFC, est installé dans le mobile. Ce qu'Orange intègre désormais dans ses nouvelles SIM n'est en fait qu'une puce sécurisée (au niveau des standards des cartes bancaires) destinée à stocker les données sensibles (par exemple de paiement) et à héberger les applications qui exploitent ces dernières.
Pour prendre une image, la SIM fonctionne donc un peu comme une salle de coffres-forts alors que le téléphone et son interface sans contact seraient plutôt le guichet de l'agence. L'enjeu pour l'opérateur est de détenir les clés de ces coffres et de les proposer, en location, aux prestataires intéressés : banques (pour les paiements), transporteurs (pour la billetterie), commerçants (pour les cartes de fidélité)...
Avec l'agitation qui règne dans les paiements sur mobile, il était temps pour Orange de tenter de reprendre la main. Ce sont d'abord les multiples solutions émergentes qui visent à s'affranchir de la SIM pour gérer le paiement sans contact sur mobile, sans compromettre la sécurité, dont Google (avec son Wallet) était un des pionniers. Plus récemment, Apple et son PassBook sont venus grignoter une autre partie du modèle, simplifiant la gestion des coupons de réduction, des cartes de fidélité, de la billetterie, également sans SIM. Et donc, sans opérateur...
Il est tout de même difficile de percevoir la logique de ce lancement. Tout d'abord, les chiffres n'engagent pas à l'optimisme : les 2,5 millions de mobiles NFC à fin 2012 représenteront seulement 4% de l'équipement des français, ce qui, croisé avec les délais de déploiement de nouvelles cartes SIM ne laisse pas envisager un marché de masse avant bien longtemps. Ensuite, les utilisateurs potentiels des "coffres-forts" d'Orange (dont les banques) n'apprécieront certainement pas cette initiative isolée, qui les mettraient sur la voie d'une gestion de porte-monnaie mobile différenciée avec chaque opérateur.
Et, comme d'habitude, il n'est pas possible de traiter de paiement sans contact sans revenir sur le cas de l'iPhone, un des téléphones les plus vendus en France (notamment par Orange), toujours dépourvu d'interface NFC. Même si, comme beaucoup le croient, sa prochaine déclinaison, prévue pour l'automne, devait (enfin) l'intégrer, il devient de plus en plus improbable que son implémentation laisse la place à la SIM promue par les opérateurs. Après tout, PassBook offre tout le nécessaire sans s'embarasser de ces "intrus" !