Kaleb, Saison 1
de Myra ELJUNDIR(Challenge YA / Jeunesse - 37/24)
Robert Laffont (Collection R),
2012, p. 442
Première Publication : 2012
19 ans, Kaleb Helgusson se découvre empathe : il se connecte à vos émotions pour vous manipuler. Il vous connaît mieux que vous-mêmes. Et cela le rend irrésistible. Terriblement dangereux. Parce qu’on ne peut s’empêcher de l’aimer. À la folie. À la mort.
Sachez que ce qu’il vous fera, il n’en sera pas désolé. Ce don qu’il tient d’une lignée islandaise millénaire le grise. Même traqué comme une bête, il en veut toujours plus. Jusqu’au jour ou sa propre puissance le dépasse et ou tout bascule… Mais que peut-on contre le volcan qui vient de se réveiller?
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édiger cet avis m’est très difficile ; c’est sans doute l’une des chroniques les plus pénibles à écrire depuis quelques mois. Mais pourquoi ? Parce que je n’ai pas accroché à cette première saison de Kaleb, mais je n’ai pas non plus détesté. Si ça avait été le cas, la rédaction aurait été aisée… mais il faut malheureusement que je parvienne à mettre des mots sur un ressenti assez particulier. En tout cas, ce premier tome ne m’aura pas laissée indifférente !
Je conçois, objectivement, que cette histoire propose des choses intéressantes et originales, mais, de façon très personnelle, ça n’est pas passé et je ressors de ma lecture très mitigée.
Première raison de ma déception : les personnages, notamment le héros, Kaleb. Aucun d’eux n’a trouvé grâce à mes yeux à part l’assistante du colonel qui m’a semblé un peu plus complexe et intéressante que les autres. Et qui a su me surprendre à plusieurs reprises aussi bien par ses agissements que grâce à son « identité ». L’autre principale figure féminine de ce premier tome c’est Lucille, la jeune fille l’objet qu’utilise Kaleb pour satisfaire ses besoins primaires. Je comprends la présence de ce personnage, nécessaire à la mise à l’épreuve du héros, mais je ne comprends pas la nécessité d’en avoir fait un être aussi soumis, rampant, pathétique… A mon goût, il n’était pas nécessaire d’accentuer autant le trait et j’ai été gênée/révoltée/hors de moi (rayez la mention inutile…) de lire les passages mettant en scène cette Lucille. Les autres personnages secondaires sont plutôt nombreux, plus ou moins esquissés mais souvent assez caricaturaux (le colonel, le père…), et c’est bien dommage !
Quant à Kaleb, le principal intéressé… il m’a déçue. En découvrant qu’on allait suivre les aventures d’un « méchant », j’étais assez impatiente parce que ça change des héros tout beaux tout proprets auxquels on est habitués. Mais mettre en scène un être mauvais n’est pas chose aisée et ne fonctionne pas à tous les coups. Et là, et bien, pour moi, ça ne fonctionne pas. L’exercice me semble concluant quand, grâce au talent de l’auteur, le lecteur parvient à s’attacher à un héros détestable, malgré toutes les horreurs qu’il peut commettre. La plus belle réussite du genre est, à mon sens, Humbert Humbert, le héros du Lolita de Vladimir Nabokov. Pour rappel, l’homme en question est un pédophile qui s’en prend à la jeune nymphette Lolita… difficile de faire héros plus détestable je pense, et pourtant… Tout le brio de l’auteur réside dans le changement de perspectives : au fil des pages on en vient à aimer et plaindre le bourreau alors qu’on déteste la victime ! Avec Kaleb, je m’attendais à ça. Mais non, le jeune homme de 19 ans est un méchant (d’ailleurs, je suis également déçue par son soi-disant « combat » intérieur… on ne croit jamais vraiment qu’il va être « bon ») qui fait des choses pas très catholiques, point. Dommage, dommage, il y avait sans doute du potentiel derrière cette belle gueule (mais je suis peut-être trop tentée par les « âmes torturées » qui hésitent entre le Bien et le Mal… Kaleb n’est pas assez torturé à mon goût et il choisit bien trop vite son camp !). Peut-être qu’un revirement de situation (pas trop exagéré quand même) sera de mise dans le tome suivant ? Mais je ne sais pas si je serai là pour le découvrir…
Autre élément qui a rendu ma lecture un peu difficile parfois : la plume de Myra Eljundir. J’ai eu beaucoup de mal à suivre les aventures du héros tant la narration m’a semblé régulièrement maladroite. Je note surtout un problème du côté des temps et j’ai buté un bon paquet de fois ! Je suis rarement fan des récits au présent (c’est bizarrement moins évident à maîtriser qu’au passé simple/imparfait) et là, le présent et le passé composé ne m'ont pas convaincue du tout… Je critique mais je suis bien incapable d’écrire le quart de ce qu’a rédigé Myra Eljundir ; voilà seulement ce que j’ai ressenti à la lecture. J’en profite pour souligner la présence de scènes assez crues et difficiles pour les jeunes lecteurs ou les plus sensibles ; l’avertissement aux moins de 15 ans n’est pas usurpé (je pense à des scènes de tortures, de punition… bref, pas très ragoutant !).
Cependant, j’ai apprécié suivre plusieurs personnages selon les chapitres, grâce aux points de vue externes et j’ai bien aimé découvrir l’histoire de la lignée islandaise grâce aux extraits de vieux journaux intimes éparpillés au fil du récit. Ces choix donnent un peu plus de relief à l’ensemble et ce n’est pas désagréable.
Si je n’ai pas apprécié le style, j’ai en revanche aimé le rythme de l’intrigue, l’originalité et la construction de celle-ci. C’est d’ailleurs ces aspects positifs qui m’ont permis de ne pas détester ma lecture et d’aller au bout sans problème.
Les chapitres sont courts et Myra Eljundir maîtrise bien la mise en place des questions/révélations de son histoire. On tourne donc assez vite les pages car on a envie de savoir d’où vient le pouvoir de Kaleb, ce qu’il compte en faire et qui sont Vulcan et cet homme noir qui apparaît dans les rêves du héros… Il y a quelques petites surprises que je n’avais pas vu venir et c’est plutôt agréable de se faire mener en bateau jusqu’au bout (ou presque).
Le deuxième tome annonce une rencontre entre deux personnages de ce premier opus, dans un nouvel endroit, avec de nouvelles figures secondaires… Oserai-je me lancer lorsqu’il sortira ? A ce jour, je dirai non, mais j’ai le temps de voir venir et de changer d’avis…
Je regrette le traitement du personnage principal (sans parler des secondaires) et je n’ai pas accroché au style. Je garde tout de même en tête une intrigue originale qui amène le lecteur à tourner rapidement les pages malgré les défauts cités précédemment. Un pitch qui promettait de belles choses mais qui ne tient malheureusement pas toutes ses promesses…