A Glasgow, Robbie, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de ses semblables et découvre avec eux l'art du whisky. Leur éducateur n'est pas étranger à cette révolution de palais...
"La Part des Anges" de Ken Loach
Avec : Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland Sortie Cinéma le 27/06/2012 Distribué par Le Pacte Durée : 101 Minutes Genre : Comédie dramatique Film classé : -
Le film :
|
A Cannes, le prix du Jury ,facultatif, est généralement attribué à un jeune cinéaste .En désignant cette année Ken Loach, qui le 17 juin dernier a fêté ses 76 ans, les jurés conduits par Nanni Moretti n’ont pas failli à leur mission.C’est effectivement un cinéaste nouveau qui décroche la distinction. Une verve de toute première fraîcheur, un savoir-faire qui s’efface devant l’histoire, l’évidence d’une réalisation qui coule de source.
De l’eau claire venue des Highlands, où la découverte d’un fût de vieux whisky suscite la convoitise des collectionneurs du monde entier. Un quarteron de jeunes écossais s’intéresse aussi au précieux breuvage, dont il espère tirer un bon prix.
Ce sont de petits délinquants, condamnés à des peines de travaux d’intérêts généraux, qu’ils effectuent sous la conduite bienveillante d’un éducateur, fin connaisseur en pur malt.
La boucle est bouclée, l’histoire peut commencer. Sous l’œil de Ken Loach, la signification sociale d’un tel canevas n’échappe pas à sa caméra. Elle traque dans les rues de Glasgow, les errements de Robbie, dont le passé délictueux lui ferme toutes les portes.
Sa petite amie, amoureuse mais lucide, lui indique alors le bon chemin, là où les petits voyous et les méchants, réussissent malgré tout à le rattraper . La force de Ken Loach est de nous faire enrager devant ses vains efforts, annihilés par la bêtise et la cruauté de l’homme. Mais cette fois, le cinéaste n’accentue pas le trait, lui conférant même une légèreté qui au fil du récit deviendra de l’humour.
C’est la seconde partie du film, radicalement optimiste et drôle; elle voit notre héros, l’excellent Paul Brannigan, sortir la tête de l’eau, et goûter , par des moyens détournés, à celle de la source miraculeuse. Ses trois autres joyeux lurons participent à l’arnaque, dont Albert ,gentiment moqué par le réalisateur, qui nous le rend pourtant très vite attachant. La composition sans excès de Gary Maitland, et des dialogues savoureux, concourent à ce bonheur de vivre, cette joie partagée, cette reconnaissance d’une jeunesse à qui l’on vient de faire confiance.
C’est trop beau pour être du Ken Loach et je frémis alors à chaque plan, chaque situation nouvelle. L’édifice est fragile, et un petit rien pourrait tout gâcher. Un petit rien est si vite arrivé…
En bref
Le film
Plutôt optimiste cette fois, Ken Loach ne lâche pas son canevas social pour nous parler de sujets aussi importants que la paternité, la transmission et le bonheur d’une main tendue. Une comédie tendre et sociale, qui n’est pas sans rappeler l’excellent « Looking for Eric » du même auteur et qui à Cannes était reparti bredouille. Comme quoi d’un jury à l’autre…