Dernier sommet européen, dérive de la dette française. Christian Saint-Étienne, économiste, juge sévèrement les premières décisions du gouvernement Ayrault et estime que les effets du « 1% » européen pour la croissance ne seront pas perceptibles avant 5 ans.
Une interview du Cri du Contribuable.
On apprend que la dette française vient d’atteindre 89,3% du PIB. Quel est votre commentaire ?
CSE : C’est une nouvelle étape – et sans doute pas la dernière – dans la dérive qui s’est amorcée il y a une trentaine d’années et qui ne cesse de s’accélérer : entre 2007 et 2012, la dette a progressé de plus d’un quart de PIB. À terme, son alourdissement pourrait menacer notre indépendance.
Que vous inspire la teneur du dernier rendez-vous européen ?
CSE : C’était un sommet d’urgence où les pays du Sud sont apparemment parvenus à imposer une partie de leurs points de vue à l’Allemagne. Apparemment, car il faut attendre le détail des contreparties qui seront demandés en échange des aides promises.
Concernant les banques, si ces contreparties sont assez sévères pour occasionner un coup d’accordéon sur le capital de certaines banques, l’effet obtenu ne sera pas celui escompté !
Consacrer 1% du budget européen à la relance sera-t-il efficace ?
CSE : J’observe d’abord que ces mesures étaient sur la table depuis 2011 et qu’elles avaient notamment été proposées par la Commission européenne. Madame Merkel est charitable quand elle laisse François Hollande s’approprier le mérite de cette initiative.
Techniquement, l’allocation du 1% à la relance passe par un renforcement du capital de la BEI. Celle-ci devra identifier les projets prioritaires et l’argent ne sera engagé que vers 2013-2015. Il faudra encore compter 1 à 2 ans supplémentaires pour que les sommes soient effectivement investies. Les premiers effets concrets ne seront donc perceptibles qu’à horizon 2016-2017, vers la fin du quinquennat actuel.
Quel premier bilan dressez-vous des orientations économiques du gouvernement Ayrault.
CSE : Deux erreurs majeures ont été commises. La première, sur les retraites, dont la charge représente déjà 14 points de PIB. Revenir sur l’allongement de l’âge légal de la retraite coûtera environ 5 milliards €.
La seconde faute lourde est l’abandon de la TVA sociale car nos entreprises sont aux abois. Leur marge, tous secteurs confondus, est inférieure de 40% à celle de leurs homologues allemandes. Et les entreprises ont besoin de fortes marges pour se développer.
Avez-vous mesuré l’impact de l’annulation de la TVA sociale pour les entreprises ?
CSE : Oui, on peut l’estimer à 13 milliards €. Quand on y ajoute les 3 premiers milliards distribués dans le cadre de la réforme de la retraite on obtient 16 milliards € gaspillés en 2013.
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