Dans son dernier édito intitulé « Repenser la dépense », Jacques Attali adopte un style et des idées assez inhabituelles chez lui.
Partant du constat que nos sociétés sont gangrénées par un trop plein de dettes, Attali nous invite à rien de moins qu’à tailler dans nos dépenses, quelles soient nationales, collectives ou personnelles.
« Chacun d’entre nous doit donc se poser ces questions simples et radicales : ne peut on réduire sa consommation d’énergie ? Ne peut-on acheter autrement sa nourriture ? ses vêtements ? Ses vacances ? Ses livres ? Sa musique ? Chacun d’entre nous aurait beaucoup à gagner à se livrer honnêtement à cet exercice. Il s’apercevrait qu’il y a dans les budgets les mieux tenus d’innombrables économies possibles ; et utiles, même si elles sont minuscules. »
« Repenser la dépense doit devenir le mot d’ordre absolu. Si chaque famille, chaque entreprise, chaque commune, département, région, ministère, université ou autres se lançait dans cet examen, l’économie aurait plus de compétitivité, la vie serait plus agréable, le poids de la dette diminuerait, la société irait beaucoup mieux. »
Voilà donc le nouveau credo que le « prophète des temps modernes » comme certains de ses détracteurs le qualifient parfois, nous livre. Un discours qui n’est pas dans ses habitudes. Il va falloir s’habituer à moins dépenser, à faire mieux, avec moins.
Pourquoi pas me direz vous ? L’ère du capitalisme sauvage, de la croissance à deux chiffres, de la création de richesse fondée sur le gaspillage est révolue, autant s’y faire. Economiser, préserver, consommer au plus juste de ses besoins peuvent être de louables ambitions.
Mais je vois d’autres ressorts au texte de Jacques Attali. Homme de gauche, proche des cénacles du pouvoir, Jacques Attali, nous annonce t-il avant l’heure le nouveau credo du gouvernement que Jean-Marc Ayrault dévoilera mercredi dans son discours de politique générale ?
Le changement, tant rabâché, consisterait il à apprendre, chacun dans sa sphère, à moins dépenser, à défaut de plus recevoir ? Réponse mercredi devant la nouvelle Assemblée nationale.