L'émergence de nouveaux moyens de détection des changements dans le cerveau liés à la maladie d'Alzheimer -comme l'imagerie, la découverte de biomarqueurs ou encore les avancées des études génétiques- rapproche pour les scientifiques l'opportunité de pouvoir développer des stratégies de prévention, avant même l'apparition des premiers symptômes. Cet expert de la maladie d'Alzheimer, chercheur à la Harvard Medical School, fait le point sur cet espoir qui pourrait rapidement devenir réalité, lors d'une récente réunion de l'AAAS.
L'imagerie cérébrale progresse : Grâce à des études d'autopsie sur des patients atteints d'Alzheimer, les chercheurs savent, depuis les années 1980, que certaines anomalies cérébrales sont associées à la maladie, dont les fameuses plaques amyloïdes et faisceaux de fibres ou enchevêtrements neurofibrillaires qui se forment dans les cellules nerveuses. Au cours de la dernière décennie, les scientifiques ont pu également utiliser de nouvelles méthodes d'imagerie cérébrale comme la tomographie par émission de positons (TEP) pour identifier les signes précoces de la maladie d'Alzheimer chez des personnes sans symptômes apparents de la maladie. Une recherche suggère qu'environ un tiers des personnes de plus de 65 ans ont une certaine quantité de plaques amyloïdes dans leur cerveau. De nouvelles recherches montrent que la détection devient possible, même avec de très faibles quantités de plaques. Les chercheurs ont aussi identifié plusieurs biomarqueurs de protéines circulant dans le liquide céphalo-rachidien, qui semblent être associées au développement de la maladie.
Ces deux axes de progrès, imagerie et biomarqueurs devraient permettre prochainement, indique le Dr Sperling, de détecter des preuves précliniques de la maladie d'Alzheimer et de cibler la maladie à ses premiers stades, avant le développement de dommages irréversibles au cerveau et du déclin cognitif et avant même l'apparition d'une déficience cognitive légère.
Bientôt, les résultats d'essais sur de nouveaux médicaments : Alors que les efforts déployés jusqu'ici pour traiter la maladie après l'apparition de la démence ont été vains avec, selon le Dr Sperling, une dizaine d'échecs d'essais cliniques de médicaments ces 10 dernières années, plusieurs essais cliniques en cours visant à réduire la dégénérescence du cerveau devraient livrer leurs résultats cet automne. Mais, même en cas de bonne surprise, l'intervention précoce semble la voie à privilégier, selon le chercheur. L'auteur donne l'exemple d'un essai en cours, à l'Université de Californie-San Diego, un essai de trois ans mené auprès de personnes âgées sans symptômes mais présentant des plaques amyloïdes dans leur cerveau, sur un agent anti-amyloïde qui pourrait réduire le taux de déclin cognitif.
140 outils de détection précoce en cours d'évaluation : La recherche foisonne sur le dépistage précoce. Selon le chercheur, 140 outils de détection précoce de l'Alzheimer seraient actuellement en cours d'évaluation, en particulier par le National Institute of Aging (NIA-NIH), dans le but d'une utilisation de routine lors des examens de santé annuels de Medicare. Leur principe serait la rapidité (moins de 5 mn), le caractère facultatif, l'efficacité et la spécificité. Un tel test de dépistage pourrait permettre aux médecins d'identifier les tout premiers signes de troubles cognitifs, tout comme ils le font pour l'hypertension artérielle ou un cholestérol élevé. La question restera de pouvoir confirmer ensuite, par d'autres examens, la valeur de cette information.
La frontière délicate entre un déclin cognitif lié à l'âge normal ou pathologique : La difficulté, en particulier dans l'objectif d'une détection précoce, réside sur la frontière entre la normalité ou non d'un déclin cognitif avec l'âge. Une perte « normale » de mémoire liée à l'âge peut, en effet, avoir certaines caractéristiques en commun avec la maladie d'Alzheimer. De nombreuses études montrent que même en l'absence de maladie, l'âge mûr apporte d'importants changements dans notre capacité à apprendre et à retenir de nouvelles informations. D'autres études suggèrent a contrario, plusieurs facteurs – l'activité physique, mentale, sociale et la santé vasculaire- qui contribuent à maintenir la capacité cognitive durant le vieillissement. 4 facteurs qui cumulent leurs bienfaits. Enfin, la recherche génétique a permis de mieux comprendre l'apparition de la maladie d'Alzheimer (1 variante du gène ApoE et risque accru de 40%, 2 variantes : risque accru de 95% ou encore, dans le cas de maladie d'Alzheimer précoce, variation du gène PS-1 ou SORL1).
Source: Advancing Science Serving Society (AAAS) « Research Seeks Ways to Treat Alzheimer's Long Before Symptoms Emerge, Scientists Say”
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