Un chemin de tradition par Robert Faure

Publié le 01 juillet 2012 par Eric Acouphene
... Hier j'ai cotisé toute ma vie à une caisse de retraite, mais je meurs prématurément. Je mets mon espoir dans un enfant, il a un accident de la route...


Ce risque de la vie, ce côté éphémère et riche, toutes les traditions en parlent. Elles nous disent comment les fleuves ont été traversés, comment les montagnes ont été conquises. Toutes évoquent les cailloux du chemin, les obstacles et parlent surtout du chemin qui existe encore. Elles utilisent des images des paroles d'espérance pour retrouver un temps à soi, un goût de vivre. Le sens du temps n'est pas figé. Elles affirment même que l'hiver n'est jamais définitif et que l'essentiel est préservé.


Tantôt avec force tantôt avec tendresse, les traditions nous apprennent notre puissance de survie et d'adaptation et donnent une vision autre des choses de la vie. Comme disait Durkheim, les trois choses les plus difficiles à assumer sont l'absurde, la mort et la solitude. Dans ces traversées, nous avons besoin de paroles plus fortes que celles des philosophes. Des paroles de Rûmi le mystique soufi, de Saint François d'Assise, de Toukaram le pèlerin hindou, d'Amadou Hampate Ba de la terre africaine, de Chogyam Trungpa du bouddhisme tibétain, de Dogen le moine japonais...


Chaque fois que les réalités du monde vertical croisent notre horizontalité quotidienne nous écrivons l'histoire de notre propre transformation. Je dis que les grandes Traditions sont une présence qui nous accompagne. parce qu'elles enracinent l'homme, le situent dans sa verticalité et lui donnent une direction avec une boussole dans la main. La dimension horizontale nécessaire, et la dimension verticale tout aussi indispensable nous rend vivant et frère des hommes. Et parfois, avec modestie, nous sommes une petite boussole pour le frère d'à côté.


Il nous faut revenir à plus de modestie. Nous sommes plus ignorants que connaissants. Nous devons ôter cette conscience enfantine que le monde est notre propriété, que notre tradition se mesure à ses absences d'erreurs et à son affirmation d'être possessive de la vérité. Prendre le temps d'accepter les hommes et les choses, de les écouter avant de vouloir les changer. Car le monde des autres qui ne pensent pas comme moi est aussi question et mystère. Chaque tradition est respectable dans sa sensibilité, dans sa manière de nous inviter à voir et à comprendre, à rechercher le sens de l'aventure humaine dans ses risques, ses passions et ses rêves.
Robert Faure
http://www.art-zen.com/