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La courbe du bonheur

Publié le 30 juin 2012 par Chroom

BonheurTout le monde ou presque veut devenir riche. Pourtant, comme dit l’adage, l’argent ne fait pas le bonheur. Repensez à votre jeunesse, votre adolescence, vos vingt ans, lorsque vous viviez avec pas grand chose… Franchement, vous vous sentez plus heureux aujourd’hui ? A moins d’avoir traversé une période particulièrement trouble dans le passé, la plupart d’entre nous, enfin là je parle au nom des générations X et Y, nous ne nous sentons pas plus heureux aujourd’hui que durant notre jeunesse. Et quand je dis pas plus heureux, c’est un euphémisme… Pour les baby boomers c’est un peu différent, et on verra très vite pourquoi.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette baisse du moral des troupes avec l’âge qui avance ? Juste le fait de vieillir ? Pas vraiment. En fait il existe un truc assez délire qui va nous éclairer sur ce point : la courbe du bonheur. Dès 20 ans, la courbe de satisfaction descend pour atteindre son niveau le plus bas entre 45 et 50 ans puis, à partir de 50 ans, elle remonte pour arriver à son plus haut niveau entre 65 et 70 ans.

Courbe du bonheur

A la quarantaine les revenus ont déjà eu le temps de bien progresser. C’est aussi l’âge où la carrière prend son envol, où l’on est dans la force de l’âge adulte, mais encore beau et jeune, l’âge aussi on l’on atteint des postes hiérarchiquement élevés. C’est à ce moment aussi qu’on consomme le plus, qu’on achète une belle voiture de sport ou une maison. Travailler, gagner beaucoup d’argent et le consommer ne suffit apparemment pas à faire le bonheur des gens, bien au contraire.

On vit dans une société de fous il faut bien le dire. La publicité nous fait l’éloge des marques à la télé et crée des besoins partout et sans cesse. Il y a vingt ans personne n’avait de téléphone portable. Aujourd’hui si vous n’en avez pas, vous passez pour un extra-terrestre. Et je ne parle même pas des smartphones. Mais tout ceci est-il bien nécessaire ? Est-ce que ça vous permet de mieux vivre ? Vous êtes dérangé en permanence où que vous alliez. Vous êtes bombardé d’e-mails à longueur de journée. Tout est urgent. Les limites entre vie privée et vie professionnelle sont de plus en plus floues. Pour acheter toutes ces marques, vous devez travailler de plus en plus, de plus en plus vite. Les promotions, l’ajout de nouvelles responsabilités, entraînent un surcroît de stress. Vos enfants veulent aussi des marques, vous ne pouvez quand même pas les priver de ça ! Non mais.

Matin et soir, on faufile sa voiture dans les bouchons ou on arpente les quais des trains et des métros pour aller travailler. Comment pourrions-nous être « très satisfaits » de notre vie dans cette situation ! Dans notre société un travail répétitif et faiblement rémunéré est perçu comme un bien rare qu’on ne veut pas perdre ! « Les Temps Modernes » de Chaplin ne sont pas si loins …

Quand je vous disais que tout le monde veut devenir riche… Vous trouvez que ça en vaut la peine ? Revenons à notre courbe du bonheur. Entre 50 et 60 ans, le niveau de bonheur remonte. La cinquantaine annonce ainsi des lendemains heureux. Mieux, à condition d’avoir un niveau de santé correct, les personnes à la retraite sont autant, si ce n’est plus heureuses que celles de vingt ans ! Pouvons-nous penser dès lors qu’il y ait une corrélation entre la retraite et la remontée de la courbe ?!? Le travail pourrait-il être responsable de tout ce binze ?!?

Le Québecois Serge Mongeau, auteur du livre La simplicité volontaire plus que jamais a  écrit :

« Pour ma part,il y a longtemps que j ai découvert que le « système » – la société de consommation dans laquelle je vis- nous enferme, individuellement, dans une cage qui nous laisse de moins en moins de choix véritables et de vraie liberté. Que les barreaux de la cage soient dorés ne change rien à la réalité de l’aliénation profonde de ses prisonniers »

ou encore :

 » Le bonheur est aujourd’hui perçu comme la satisfaction non seulement de tous les besoins, mais également des goûts et même des souhaits. Satisfaction devient saturation. Mais ce gavage n’est pas source d’épanouissement, car le propre de la société de consommation, c’est de proposer constamment de nouveaux biens (ou de nouvelles présentations de l’ancien), de susciter de nouveaux « besoins », d’attiser les convoitises. Il ne faut jamais que les gens soient satisfaits. »

Notre société est obnubilée par le travail (la production) et la consommation et pas assez axée sur les véritables besoins de l’être humain : avoir du temps libre, du temps pour soi et pour ses proches, ne pas gaspiller son temps dans des déplacements professionnels ou des semaines de travail trop longues, prendre le temps de vivre plutôt que de consommer.

Si devenir riche est un but en soi et/ou si le travail ne sert qu’à couvrir des besoins futiles de consommation, c’est le chemin le plus sûr vers les déceptions. La courbe du bonheur nous indique que lorsque l’on a réussi dans la vie à se constituer un certain patrimoine, tout en s’affranchissant du travail et du besoin de consommer, on devient des êtres plus heureux. Et il n’y a pas besoin d’attendre la retraite pour cela.

Sources :
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/FPORSOC08n.PDF
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/l-etonnante-courbe-du-bonheur-46962
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/lysiane-gagnon/200902/05/01-824347-la-courbe-du-bonheur.php

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