En France, nous luttons pour faire admettre aux industriels comme au gouvernement que l’obésité est un fléau, et que de simples mesures de conseils ne servent pas à l’endiguer.
Outre-Atlantique, Michèle Obama, première dame des Etats-Unis, consciente de l’enjeu dans son pays (un enfant sur six et un adulte sur trois souffrent d’obésité), a démarré depuis son arrivée à la Maison Blanche une campagne de lutte contre l’obésité infantile « Let’s Move » (bougeons). Peu suivie au départ par des médias qui doutaient de son influence, elle accompagne aujourd’hui Walt Disney dans cette nouvelle étape de lutte contre l’obésité des enfants. Elle a applaudi l’initiative: "De nombreux parents font l’effort de préparer des repas sains. Mais quand les enfants regardent leurs émissions favorites à la télévision, ces efforts sont sapés lors de la pause publicitaire. C’est la raison pour laquelle je suis si enthousiaste", a-t-elle déclaré.
Cette annonce arrive dans le sillage de celle de New York : la ville a décidé d’'interdire la vente de boissons sucrées de plus de 470 ml.
Le groupe Walt Disney, lui, avait déjà commencé il y a 6 ans en faisant dans ces parcs la promotion de menus pus variés et équilibrés (notamment avec des carottes), et stoppant son partenariat avec la chaîne de fast-food McDonalds : tous les personnages Disney furent alors retirés des menus « Happy Meals » jusqu’à ce que McDonalds améliore la qualité nutritionnelle des repas pour enfants.
Un programme ambitieux au long cours
Le groupe Walt Disney possède des parcs de jeux, des chaine de télévision, des sites internet, produits dérivés des films, des musiciens, etc.
Cet empire médiatique a choisi de retirer l’intégralité des publicités alimentaires pour des aliments mauvais pour la santé des enfants : trop caloriques, trop sucrés, pas assez nutritifs. Si l’annonce a été faite début juin 2012, les partenariats que le groupe entretient avec ces annonceurs vont s’étaler encore jusqu’en 2015.
Ainsi, tout aliment ou boisson faisant l’objet de publicité sur Disney Channel, Disney XD, Disney Junior, Radio Disney et les sites internet Disney, devra être conforme à de nouvelles directives incitant à une nourriture meilleure pour la santé.
Le groupe va également promouvoir une alimentation plus saine avec un label « Disney » propre, qui signalera les aliments nutritifs et de meilleure qualité, ainsi qu’en réduisant la teneur en sucre, en sel et en graisses de ses menus.
Le directeur de Disney Robert A. Iger affirme : « Nous avions pris des mesures dans notre entreprise pour aider les familles à faire de meilleurs choix. » et il continue en disant que Disney fait maintenant un pas important pour créer de nouvelles règles en direction des enfants.
Il souligne : « Le lien affectif qui lie les enfants à nos personnages nous donne une occasion unique de continuer à inspirer et encourager les enfants à mener des vies plus saines ».
Un changement de paradigme
Ce qui est ici très intéressant, ce n’est pas seulement le changement de politique publicitaire mais surtout le changement dans les produits destinés à la consommation des enfants : Disney est incontournable aux Etats-Unis, et les industriels de l’agro-alimentaire vont devoir adapter leurs produits à cette nouvelle donne, et modifier leurs recettes en diminuant le sucre, le sel, le gras.
Le groupe Walt Disney risque tout de même 2 milliards de dollars (1,6 milliards d’euro) de bénéfices publicitaires (produits alimentaires ciblant les jeunes consommateurs) si le pari qu’il fait là ne rencontre pas d’écho. Il assure toutefois être déjà en pourparlers avec ces clients pour cette transformation nutritionnelle.
Les principaux groupes agroalimentaires s’étaient déjà mis d’accord l’an dernier sur des critères nutritifs minimaux pour ces produits, mais cette initiative est un pas de plus, et un outil de pression pour une transformation réelle et point seulement déclarative des industriels.
Cet enjeu de santé publique majeur aux Etats-Unis, en est aussi un chez nous.
Il est évident que l’association de grands groupes à cette cause est incontournable et que pour modifier profondément la tendance, il faut agir sur tous les fronts. Disney en choisissant d’user de sa position dominante devient un acteur de premier plan, dont nous espérons pouvoir bénéficier également de ce côté de l’Atlantique. A quand une mobilisation plus affirmée d’autres grands groupes pour rejoindre les actions que nous cherchons à mettre en place depuis 4 ans avec l’ObObs et notamment au travers du Cirque des Légumes ?
DOCUMENTATION
Liens :
http://www.obobs.net/article-et-l-on-reparle-d-interdire-les-pubs-alimentaires--37239469.html
Dépêche AFP :
Le Figaro :
Los Angeles Times :
http://www.latimes.com/business/la-fi-ct-disney-food-ads-20120606,0,5149776.story
Youpil :
http://www.youphil.com/fr/article/05345-disney-bannit-la-junk-food-de-ses-antennes?ypcli=ano