L’autre point faible, dit-il, c’est la visibilité du français dans les organisations internationales. « On a l’impression que de plus en plus les gens considèrent que l’anglais est la seule langue de communication internationale, à l’ONU, dans l’Union européenne et même aux Jeux olympiques. » Abdou Diouf le reconnaît, les résultats de ce combat sont souvent décevants.
Serait-il perdu d’avance ? « Je me rends compte que c’est très dur et parfois décevant. Ne me demandez pas une obligation de résultats. Mais vous avez le devoir de me demander une obligation de moyens. J’agirai, je mobiliserai, je crierai, je dénoncerai, je plaiderai. Mais je ne peux pas être un gendarme derrière chaque personne. »
La France, en particulier, est loin de faire tout ce qui est en son pouvoir, répète inlassablement Abdou Diouf. « Nous sommes quand même parvenus à obtenir que les autorités françaises s’intéressent réellement à la Francophonie. Mais, en gros, les universitaires et les intellectuels s’en moquent. C’est la nouvelle trahison des clercs. Et les hommes d’affaires s’en moquent encore plus. Quand vous leur en parlez, vous les ennuyez. On a l’impression que seule la mondialisation les intéresse. »
Abdou Diouf avait proposé que chaque 20 mars, Journée internationale de la Francophonie, toutes les mairies de France arborent le drapeau de l’OIF. Sa proposition est restée lettre morte. Le secrétaire général est tout de même optimiste en ce qui concerne le nouveau président. Avant son élection, François Hollande est venu le voir à trois reprises pour discuter de la Francophonie. « Je pense qu’au niveau de son gouvernement, il fera passer le souffle. »
Pour Abdou Diouf, l’honnête homme du XXIe siècle devrait au moins parler sa langue nationale et deux grandes langues de communication internationales. « Ceux qui défendent le plus le français dans les arènes internationales, ce sont les Québécois et les Africains, dit-il. Nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux. La plupart du temps, quand je reçois des lettres de protestation parce que dans une réunion on a parlé l’anglais au lieu du français, ce sont des chefs d’État africains qui m’alertent. Ce ne sont pas des pays du Nord. »
Ce nouveau forum mondial de la langue française représentera-t-il un nouveau départ pour une organisation qui sinon pourrait s’essouffler ? « Je crois que ça deviendra un événement majeur du combat francophone, dit le secrétaire général, qui quittera son poste en 2014. Il faut que ce qui va s’allumer à Québec ne s’éteigne jamais. Mais pour cela, il faut l’entretenir. »
Citation du devoir.com : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/353659/la-francophonie-a-besoin-du-quebec?utm_source=infolettre-2012-06-30&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne