Mme Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement sera à Safi demain samedi 22 mars. Cette rencontre vise essentiellement à convaincre les élus locaux de l'urgence et la nécessité de l'installation de la centrale thermique à Bir El Har, à 3,5 km de la station balnéaire d'Essaouiria Lakdima. La ministre estime que la centrale thermique de Safi va répondre à presque 30% des besoins énergétiques du Maroc. Ce dernier court en effet le risque de graves coupures d'électricité dans le futur très proche. De l'autre côté, la société civile, les députés, les élus et les conseillers, sont unanimes contre ce projet. Ils avancent, à raison, le fait que cet endroit, l'un des plus beaux du Maroc, est le théâtre d'investissements touristiques majeurs.
Les problèmes énergétiques marocains ne datent pas d'aujourd'hui. Durant les dernières années, il était clair que le rythme économique du Royaume devait être accompagné d'un élan énergétique savamment calculé et patiemment planifié. Or, cette "urgence énergétique" ne doit pas dicter une telle installation et le choix d'un tel emplacement. Les questions des Safiots et les amateurs de cette station balnéaire deviennent donc légitimes: une ville et une région doivent-elles payer les erreurs énergétiques de l'Office National d'Electricité (l'ONE) et de l'actuel et précédents gouvernements marocains? Quelles garanties, Mme la Ministre peut-elle offrir face aux menaces écologiques du charbon, même s'il est dit "propre"? Le Maroc a-t-il les moyens de s'offrir des systèmes de captage et de stockage efficaces du CO2 issu du charbon? Sur une autre échelle, faut-il condamner des projets touristiques (essentiellement espagnols et émiratis) qui vont procurer quelques milliers d'emplois directs pour un autre projet qui va à peine employer 120 personnes? Le même projet, faut-il le rappeler, a été initialement prévu à Cap Ghir mais a été rejeté par par la ville d'Agadir. La concertation patiente avec les représentants safiots est dès lors obligatoire.
Et si Safi s'avère être le lieu ultime de cette centrale thermique, le projet doit absolument faire partie de tout un remaniement d'infrastructures qui touchera la ville côtière. Safi doit être alors reliée urgemment à l'autoroute, le port minéralier déplacé devant les structures de l'OCP avec une rocade routière qui les contournerait. Ces infrastrcuctures ne sont pas une demande, elles constituent un droit que Safi attend depuis fort longtemps.
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