Est-il utile de préciser que la Syrie après Bachar al Assad, sera soit celle de l'Islam soit celle de son Armée ? Tout en sachant... élections ou pas, qu'il n’y aura pas de régime islamiste sans un laisser-faire de l'armée, laquelle armée… ne se laissera pas faire justement (et les USA non plus) ! Un peu comme pour la Turquie, et plus récemment l’Egypte : ancien-nouveau modèle pour les Peuples candidats à la liberté… une liberté très très surveillée (Faut pas rêver non plus !).
L’après Assad verra donc un régime militaire se succéder à lui-même… avec sans doute l'éventualité d'un pays en état de guerre civile permanente sur un autre modèle qui lui aussi a déjà fait ses preuves : l'Irak... un Irak vivant mais à genoux (et pour longtemps : aussi longtemps qu’on y trouvera une goutte de pétrole) ; car si l'on ne peut pas soumettre une population, un Peuple, un Etat, un régime – c’est selon -, encore est-il possible et sans grande difficulté, d’organiser savamment son disfonctionnement et mieux encore, ou pire, sa mort organique ou cérébrale (le cœur bat mais le cerveau ne fonctionne plus – le cœur, c’est pour les affects : les bombes, les attentats, la haine… le chaos, encore et toujours le chaos)
Aussi…
Tant que l'armée d'Assad demeure fidèle à Assad... pas de solution quant à « un après Assad ».
Certes, il reste la trahison mais… la trahison prend et demande du temps (et de l'argent ?) : il faut pouvoir rassurer les uns, convaincre les autres, diviser ceux qui tiennent encore tête avant de se décider à la leur couper...
Un job à plein temps, assurément cette entreprise de trahison !
« Rassurez-vous mon Général, tout sera comme avant mais… sans Assad et sa famille et quelques uns de ses proches, très proches collaborateurs. C’est tout.
- Ah je vois. Vous me rassurez. Mais… c’est parfait tout ça, dites- moi ! C’est où qu’on signe ?
- Ici mon Général. Ici. »
Quant à parler de fiasco diplomatique...
On ne manquera pas de remarquer que ceux qui réclament à corps et à cris une intervention de l’Otan en Syrie, et/ou de l’ONU… une ONU vis-à-vis de laquelle ils n’ont pas de mots assez dures, tout en prenant soin de condamner son inertie pourtant légendaire, sont précisément ceux qui saluent chapeau bas l'impuissance de cette même ONU et le statu quo qui y règne au sujet de l’absence de solution quant à la politique de l'Etat d'Israël à l'encontre du Peuple palestinien : vol de la terre, colonisation, assassinats, meurtres, bombardements civils, occupation, humiliation...( Oui, oui ! faut toujours rappeler cette politique ! Toujours !)…
Alors, quid d’une solution diplomatique à propos de la Syrie ?
Dans cette région, la solution n'est pas diplomatique, jamais ! puisque celui qui perd le pouvoir... trouve la mort. De plus, pas de chance pour Assad et ses acolytes, fini le temps où la France était aussi un asile pour les bouchers de la planète (Faut dire qu’aujourd'hui, cette même France fait dans l'épicerie fine, très fine) !
Aussi…
A moins que les USA et quelques pays de la région en décident autrement, pas vraiment d'options pour Assad : il faut qu'il s'accroche le plus longtemps possible – et jusqu’à la fin aussi… si fin il y a : la sienne bien évidemment -, dans l’espoir de parvenir à user la motivation et la détermination de ceux qui veulent sa peau et celle de son régime en attendant d’en installer un autre… à l’identique.
Dans ce contexte, il faut bien comprendre que les gesticulations de l'ONU sont un écran de fumée, de même pour Kofi Annan et ses appels incessants, et les attentes des gogos au sujet de cette noble organisation... aussi irréalistes que puériles, ou bien carrément... cyniques.
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Anne-Cécile Robert décrypte la tartufferie de la "guerre humanitaire", entre autres
Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde Diplomatique depuis 15.