Ma visite mémorable et magique sur les toits de Paris : lien.
Racontant certaines des anecdotes glanées grâce à mon expérience dans l'hôtellerie, je constate que les clichés sont tenaces. Le premier et le plus tenace de ces clichés qui vient à l'esprit de tous ceux qui écoutent mes histoires est celui attaché à l'affaire DSK. A croire que tous les fantasmes mais aussi la routine qui compose l'activité hôtelière dans les presque 2 000 hôtels parisiens, pour ne citer que le secteur me concernant, sont effacés purement et simplement de l'esprit du quidam.
Ceci dit, voici quelques bribes d'un quotidien dont je publie ici les perles :
(1) - A la cliente jetlaguée qui EXIGE d'avoir SA chambre pour se changer, à son arrivée (il est à peine 9 heures), je me mords la langue pour ne pas lui répondre : écoutez, Madame, je vous propose de partager la chambre d'un de nos clients, ou de faire votre départ dans 3 jours à 7 heures du matin (au lieu du midi contractuel) afin de donner satisfaction aux zigotos de votre espèce qui EXIGENT une chambre à leur arrivée matutinale.
Je précise que dans la majorité des hôtels, l'enregistrement se fait à 14h. Et qu'il arrive au client exigeant de louer une chambre la veille de son arrivée pour en profiter aux petites heures du matin s'il le souhaite.
(2) - Le cahier de doléances n'étant pas assez chargé, les clients demandent régulièrement à libérer la chambre à 13h ou bien plus tard dans l'après-midi. Ma réponse (payez un supplément au prorata du prix de la nuitée) les en dissuade à coup sûr.
(3) - Une barbapapa, euh pardon, une Saoudienne camouflée de noir, s'interroge (sous les ricanements de ses sœurs, cousines, amies et devant la mine imperturbable de leurs esclaves philippines) : Le Louvre ? C'est un magasin ?
Dans le petit hôtel quatre étoiles où j'officie, il est d'usage (bizarre) d'aller en chambre vérifier le contenu des minibars, descendre les serviettes, une partie des poubelles, etc. pour faciliter la tâche des femmes de chambre, pendant que le client savoure son petit-déjeuner. J'ai beau toquer à la porte, les déconvenues sont légion :
(4) - Un client américain victime de surcharge pondérale (ne pas dire gros, c'est pas gentil, hein ^^) bondit dans son lit, bel endormi tuyauté qu'il est à un respirateur artificiel, nu comme un verre et s'exclame : "JESUS !".
(5) - Hier, j'en surprends un autre benoîtement assis sur les toilettes, lisant son magazine. Me voyant débarquer dans sa salle de bain, il hausse un sourcil à peine offusqué. Je me confonds à nouveau en excuses et continue ma tournée des chambres supposément vides de clients.
Des anecdotes pas piquées des hannetons, j'en ai plein mon sac...
(6) - Le gars à qui je rends la jolie Porsche garée dans notre garage me tend une pièce de 1 euro. J'ai honte, me dit-il, mais je n'ai que ça.
(7) - Et parce qu'il n'y a pas que des mufles, l'aimable Américaine, Stéphanie de Miami, qui s'enquiert de mon parfum préféré et me rapporte une belle huitaine de macarons Ladurée surmontée d'un billet de 20 euros.
(8) - Une requête provenant d'un des multiples canaux de vente en ligne. Une énorme centrale de réservation (ça n'est pas comme s'ils ne connaissaient pas le métier) me demande s'il est possible de mettre deux lits dans une single. "Single" dans la langue de American Express, pour ne pas les citer, signifie chambre simple. 1 lit. 1 personne.
(9) - Le client qui s'obstine à ne pas écouter mes explications à sa question : "Pourquoi vos prix changent-ils comme ça, du jour au lendemain, et du simple au double ?" J'ai beau lui parler yield management, périodes chargées ou pour faire simple, loi de l'offre et de la demande, il insiste : BUT WHY ? Je réponds : BECAUSE. Et retourne à mes occupations.