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Hier soir, j’ai étrenné une nouvelle fois ma tenue de ville. Je sais que l’expression ‘étrenner une nouvelle fois’ n’a pas de sens, mais dans la mesure où je me déguise de la sorte seulement quand l’occasion l’impose - et elle ne l’impose pas souvent -, j’ai toujours le sentiment de mettre l’habit pour la première fois. Merci d’excuser cette digression avec le ‘bon françâ’. L’ambassadeur m’avait personnellement invité (et au moins 599 autres personnes) à souligner la fête du Canada. Ce premier juillet, le Canada aura 140 et quelques années. Une partie du gratin de la vie politico-diplomatique haïtienne était présente. Le premier ministre Lamothe a eu un passe droit, il ne portait pas sa tenue de ville et on lui a quand même permis d’entrer goûter aux petites bouchées et trinquer à ce pays ami qu’est le Canada. On a eu droit à deux montages vidéo pour les hymnes nationaux. C’est fou comment on représente l’image du Canada, on en vient qu’à penser que tout le monde vit à la campagne, en pleine montagne, sur le bord d’un lac ou dans le fond des bois. C’est sans compter ces références à l’hiver et au grand nord. Quand on pense que la plupart des Montréalais (et j’en suis !) n’ont aucune conscience réelle qu’ils vivent sur une île en plein cœur du Saint-Laurent, l’image du Canada pourrait aussi ressembler à de grandes tours de béton, des graffitis sur les murs et des squats sous les ponts ou les autoroutes surélevées. L’image, vous savez, ça se gère. Donc, tout dépend du gestionnaire !! En parlant de gestionnaire, notre ambassadeur a très bien assumé. Une organisation hors pair où l’accent avait été placé sur la sécurité des invités. Une logistique imparable : Grand stationnement disponible, navette pour éviter que l’on ‘marche dans le monde’, accueil royal, petit rhum punch, …. On a même eu droit à de la tire d’érable sur la neige. De la tire d’érable sur la neige !! Je ne me souvenais plus de la dernière fois où j’en avais mangé, je m’y suis repris à deux fois. L’ambassadeur a donc lancé l’évènement en faisant le lien entre le relèvement d’Haïti et celui de l’ambassade qui inaugurait officiellement la réouverture de son atrium tombé un certain 12 janvier 2010. Vers 16h53 plus précisément. Le premier ministre Lamothe a lui aussi pris la parole pour remercier les canadiens et souligner qu’à plusieurs égard, nous formions un pays porteur d’inspirations pour Ayiti. Les rédacteurs de son discours avaient un peut trop forcé la note sur certaines de nos références historico-politiques, mais le ton était bon. Il faut dire que le canadien se déplace ici avec cet aura de ‘bien intentionné’. Dans le contexte de non confiance qui peut sévir entre le blanc et l’haïtien, c’est une très bonne carte de visite. Après les petites-bouchées, le vin blanc (un gars ne prend pas de chance), les salutations, les embrassades et les discussions, je suis rentré à la maison enlever mon déguisement.