Titre original : Alien 3
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Fincher
Distribution : Sigourney Weaver, Charles Dance, Charles S. Dutton, Pete Postlethwaite, Lance Henriksen, Paul McGann, Brian Glover, Ralph Brown, Danny Webb, Holt McCallany, Peter Guinness, Christopher Fairbank, Leon Herbert…
Genre : Horreur/Science-Fiction/Fantastique/Saga
Date de sortie : 26 août 1992
Le Pitch :
La capsule dans laquelle s’étaient réfugiée Ripley et les survivants du carnage survenu sur LV-426 atterrit sur Fiorina 161, une planète prison oubliée aux confins de l’univers. À son réveil, Ripley apprend qu’elle est la seule survivante. Bouleversée, elle va aussi devoir composer avec la population des lieux, majoritairement composée de meurtriers et de violeurs. De plus, Ripley est loin de se douter qu’un alien a voyagé avec elle et s’apprête à semer la terreur dans la prison…
La Critique :
Alien 3 est le premier long-métrage de David Fincher. En cela, Alien 3 impressionne. Pour autant, placé dans la mythologie initiée par Ridley Scott, ce troisième volet marque le début d’une lente dégradation qualitative. Il y a d’abord le postulat de départ un peu pépère, car reprenant peu ou proue celui d’Aliens le Retour. Ripley bute de l’alien, s’endort et se balade dans l’espace avant d’être secourue par des types qui, à leur tour, deviennent les proies de la créature. Une créature qui s’arrange pour s’incruster d’une façon ou d’une autre. Pas de surprise à ce niveau là au programme d’Alien 3, qui semble opter pour une immédiateté bienvenue, mais trahissant certains raccourcis un peu faciles. Il y a ensuite le déroulement, qui là encore se claque paresseusement sur le modèle établi par Ridley Scott. Ripley déboule, l’alien aussi et tout le monde se frite contre lui, qui en profite pour en bouffer la plupart. À la fin, il ne doit en rester qu’un…
La fin d’Alien 3 est différente c’est certain, même si au fond, le film ne s’apparente qu’à une grosse entreprise de recyclage massif. Cependant, des nouveautés se cachent ici ou là. Dans Alien 3, les victimes de la bête ne sont pas armées et ne sont pas gentilles. Ce sont des violeurs et des criminels, ce qui n’entraine pas spécialement l’empathie. Seule, Ripley doit rassembler les survivants qui se font rares, au cœur d’un environnement clos et vétuste. La technologie n’aide en rien les humains, elle qui était si présente dans les deux premiers volets, via l’armement, les androïdes ou l’ordinateur de bord. Ici, il n’y a que des lampes torches, des produits inflammables et quelques paires de cojones pas piquées des vers. Dans le lot, c’est d’ailleurs Ripley qui a les plus grosses, elle qui finit d’entériner la figure mythique de l’héroïne badass.
Sigourney Weaver rempile et le fait bien. Le crâne rasée, Ripley est en bout de course et n’a plus rien à perdre. Le vrai mec, c’est elle et non les prisonniers, qui cherchent un leader dans leur combat contre un mal qu’ils ne comprennent pas.
À l’époque, la position de Fincher est loin d’être évidente. Passer après James Cameron et son Aliens le Retour n’est pas chose facile. Avec Aliens le Retour, Cameron a réalisé un grand film. Il s’est réapproprié l’univers de Ridley Scott et a injecté une grosse dose d’esprit guerrier dans la saga. En 1992, Fincher est un bleu, mais il met du cœur à l’ouvrage, réalisant certainement le meilleur film possible compte tenu des circonstances, du contexte et des moyens mis en œuvre (la production du film fut chaotique et Fincher proposa d’ailleurs une version director’s cut, visible depuis 2004). Lui aussi très respectueux de la mythologie, Fincher renouvelle les thèmes de la maternité et du caractère mystique de Ripley, tout en essayant de l’amener à un autre niveau. À l’écran, Ripley retrouve sa féminité, qu’elle avait un peu perdue lors de l’épisode précédent. Et cela même si elle se retrouve fringuée comme un sac à patates avec le crane rasé de près. Seule femme dans un univers d’homme, Ripley séduit volontairement et involontairement ses congénères, combat sa condition et en devient la victime. La moelle de Prometheus est présente dans Alien 3, qui si on lit entre les lignes, va un petit peu plus loin que le simple film de monstre.
Mais bon, pris au premier degré, Alien 3 reste un trip horrifique tout à fait efficace. Gore et bien rythmé, il dénote d’un savoir faire brut, qui ne tardera pas s’affiner lorsque Fincher assoira son monde avec Se7en quelques années plus tard. Ici, il n’a pas les coudés franches. Davantage utilisé pour ses talents de vidéaste que pour sa vision de la chose, Fincher fait ce qu’il peut.
Son film est honorable, même si aujourd’hui, il accuse un méchant coup de vieux, visuellement parlant. La faute à l’utilisation d’effets numériques datés qui ne font plus illusion et qui rappellent les cinématiques des jeux-vidéos mettant en scène l’a bestiole de Giger. La structure est ainsi basique et le dénouement assez rapidement prévisible.
Forcement moins bon que le premier ou que le second, Alien 3 déjoue quand même les pronostics et s’avère être, malgré ses défauts, une suite plus que respectable.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox