En ce qui me concerne, pour tout dire j'avais 18 ans, j'étais en terminale dans
un Lycée du Sud de la France et j'ai vécu 68 au travers des grèves des
enseignants...donc vacances pour nous...
Bistro sous les platanes près du Lycée...pétanque...soleil...le pied.
Mais aussi éphémères responsabilités dans un "comité d'action des Lycéens".
C'était la première fois qu'on nous donnait la parole et c'était quand même pas
simple de la prendre et de formuler quelque chose. Vous pouvez exprimer aujourd'hui, facilement, ce que vous avez sur le coeur. A l'époque
l'autorité ambiante était très forte et remettre en cause cette autorité était
totalement nouveau.
Au travers des infos on suivait les manifs à Paris et dans le monde. C'était
assez bizarre comme sensation... Je me souviens de "De Gaulle", de Baden-Baden, de la guerre du Viet nam, de Massu et d'une sensation en même temps d'une importance du haut de
mes 18 ans et d'une angoisse diffuse devant le bordel ambiant. Il fallait étudier, continuer les études, assurer son avenir, trouver du travail, sa voie et en même temps on voulait
participer.
Anecdotes :
- Un beau-frère qui travaillait aux archives d’une mairie et qui sortait à midi pour manger. Manque de pot le local où il travaillait se trouvait à la fac de médecine. Il sort avec un copain,
cordon de CRS. Ils essayent d'expliquer qu'ils n'étaient pas étudiants. Les CRS, étant programmés pour ne pas discuter, leur demandent de venir en jouant avec leurs matraques.
Voyant l'impasse dans laquelle ils étaient ils courent vers les CRS. Mon beau
frère fait une feinte et passe, le copain n'y arrive pas et se prend un coup de
matraque...Je ne connais pas la suite.
- Le bac...obtenu en faisant la moyenne entre les notes de première et de
terminale. 6 l'ont eu sur 26... Bien sûr je l'ai obtenu mais ce n'était pas un
cadeau car encore aujourd'hui avoir eu son bac en 68 est connoté.
En tout cas, en province ces évènements ont été vécus tranquillement
et au travers de l'info, à la télé. Les documents de "daylimotion" sont très
bons car nous n'avions pas ces infos à l'époque. Ils donnent vraiment une bonne
idée de l'ambiance.
Il est bien évident que notre pôvre Sarkosy ne se rend même pas compte des
inepties qu'il raconte.
Le fait de l'histoire n'est pas discutable. Les jeunes que nous étions ont aujourd'hui une vision très claire des bévues et
des avancées de 68. Les bévues relatées par Sarkosy sont des bévues émises par une droite revancharde
qui n'aime pas la liberté d'expression. Il aimerait surtout avoir une France docile et inculte. C'est comme ça qu'on peut mobiliser dans tous les sens du terme. Ce mec est avant tout un
va-t-en-guerre. Il nous prépare à ça.
Plus de manifs mais de la chair à canon. J'exagère !?
Par: Arnaud Nime