Manger, pour Ryoko Sekiguchi, c’est plus qu’avaler, digérer. Chaque bouchée a une histoire. Qu’il s’agisse de la texture de l’aliment, de sa description, de son origine, nous ne mangeons pas uniquement ce qui nourrit le corps. Tel aliment, transparent, mangé dans la lumière du jour, par exemple, rassasie moins que s’il est dégusté dans l’obscurité : l’apparence a un effet sur notre perception. Les plats ont des noms, dans toutes les langues ; les connaître, les retenir, c’est entrer en relation. Les chapitres qui se suivent dans ce petit livre évoquent des nourritures « vaporeuses » et débouchent soudain sur le dernier, « manger fantôme », qui coupe l’appétit : « vous avez bien compris de quoi je veux parler », dit l’auteur, Japonaise, « vous ne pouvez pas savoir si c’est bon ou pas puisque vous ne savez pas que vous l’avez mangé ».