Jean-Jacques Aillagon, ex-Président du Château de Versailles avait été l'initiateur de l'intrusion d'artistes contemporains dans les murs de la noble demeure. Malgré les cris d'orfraie des conservateurs offusqués et des nobliaux ulcérés, l'aventure se poursuit toujours pour étonner le touriste qui sort ainsi de son ébahissement à contempler le chef d'œuvre architectural du Roi Soleil. Après Jeff Koons, Takashi Murakami, Bernar Venet, Xavier Veilhan, c’est au tour de Joana Vasconcelos de s’atteler à l’exercice depuis le 19 juin et jusqu'au 30 septembre.
Repérée pour un lustre réalisé en tampons hygiéniques présenté à la Biennale de Venise de 2005, l'artiste lusophone très engagée dans la défense des femmes, s’installe dans ce décor lourd d’histoire pour le perturber, le violenter avec 17 œuvres envahissantes pour le moins.
Copieur et peut-être dans l'objectif vaguement inconscient d'être pris à parti dans le débat des anciens contre les modernes, le Musée du Louvre a invité l'artiste belge Wim Delvoye à investir des allés consacrés aux arts décoratifs. Delvoye est connu pour ses cochons tatoués, sa série de machines à produire de la merde (Cloaca, les biens nommées), ses animaux empaillés qui copulent et autres joyeusetés provocantes et drôles. Ce bestiaire lyrique (visible jusqu'au 17 septembre) déçoit un peu tant l’ornementation du musée semble l'écraser, même s’il oblige à regarder les ors des salons sous un autre angle, il tente de questionner l'ordre français à vénérer un style aristocratique que la guillotine de l'audace ne parvient pas toujours à chahuter. Faussement subversives, les œuvres contemporaines confrontées à la démesure des décors de tous ces lieux historiques ont souvent l’air de « cheveux dans la soupe » sans convaincre tout à fait, et la banalisation de ces intrusions ne surprennent plus suffisamment, d’ailleurs les polémiques se sont éteintes, les échauffourées entre les pros et les antis ne stimulent plus la presse.
Catherine Pégard, la nouvelle présidente du Château de Versailles, va poursuivre la voie tracée par son prédécesseur mais « il est temps d'ouvrir une autre période, avec une vision plus en lien avec le patrimoine », a-t-elle déclaré à l’AFP. En 2013, elle va inviter l’artiste italien Giuseppe Penone, ce représentant de l’arte povera saura-t-il guillotiner la richesse versaillaise ? A suivre…