Plaidoyer contre le mariage homosexuel

Publié le 29 juin 2012 par Copeau @Contrepoints

Loic Floury vient de rédiger un article intitulé "Plaidoyer pour le mariage homosexuel " dans lequel un certain nombre de questions méritent plus ample réflexion.

Par DoM P.

Mariage (non gay) (CC, marysecasol.com)

Loic Floury vient de rédiger un article intitulé "Plaidoyer pour le mariage homosexuel" dans lequel un certain nombre de questions méritent plus ample réflexion.

Loïc nous dit que  "l’homosexualité est née le même jour que l’hétérosexualité".

C’est probable. Mais depuis lors, elle est restée, de fait, une voie alternative. Ce n'est pas être homophobe que de noter que si la nature a fait de nous une espèce sexuée, c'est à des fins de reproduction. Le plaisir, l'envie, et tout le reste n'étant là qu'en tant qu'incitations. Quand on dit que l'homosexualité n'est pas "naturelle", on entend qu'elle ne satisfait pas à ce prérequis de la nature que le sexe a un but reproductif, nécessairement dévié de sa fonction dans le cas de l'homosexualité. Dire cela est rationnel, et n'implique pas forcément d'homophonie.

Loïc affirme ensuite que "l’homosexualité n’est pas un choix, mais une question de préférences intrinsèques".

Dirait-il de même pour la pédophilie, la zoophilie, la nécrophilie ? Nous avons tous, ou presque, des désirs, des attirances, qui vont dans des directions différentes. Il n'en reste pas moins que l'assouvissement de nos désirs, tout légitimes soient-ils, relève bien du choix. On ne choisit pas d'être attiré par les hommes, les femmes, les enfants, les animaux, ou les morts. Mais l'acte, lui, est volontaire. Et c'est lui, qui, dans un certain nombre de ces cas, est rendu illégal. Car il s'agit bien d'un choix.

S’appuyant sur cette prémisse fausse, il en conclue que  "l’homosexualité n’est pas un choix, à la différence de l’homophobie"

Comme je viens de montrer de l'homosexualité, en tant que pratique et non seulement de désir (La sexualité est un acte, et non simplement une envie), je veux insister sur le fait que l'homophobie, comme le racisme, le sexisme, et toute autre phobie (arachnophobie, agoraphobie, etc.) résulte d'un sentiment difficilement répressible de répulsion. Ça n'a rien d'un choix conscient. Ce qui est trompeur, c'est que nous autres humains sommes des êtres essentiellement rationnels. Or ces réputions sont de nature irrationnelle. Se met alors en place un processus de dissonance cognitive qui nous pousse à tenter de justifier, de façon apparemment rationnelle, des positions dont l'origine, elle, ne l'est pas. L'arachnophobe justifiera sa phobie du fait de la laideur ou du nombre de poils, d'yeux, ou de poils de l'objet de sa crainte, comme l'homophone justifiera la sienne du fait que ce genre de pratique est dégoutant, contre nature, ou interdit par tel ou tel livre religieux.

Loïc se pose enfin la question de savoir "en quoi diffère le contrat de mariage du contrat de vente".

J’espère qu’il s’agit d’une question rhétorique, mais, dans le doute, je vais y répondre. Un contrat de vente se fait entre deux parties : L’acheteur, et le vendeur. Ce contrat n’est légal qu’à partir du moment où il n’implique pas d’autres parties sans leur consentement express. On ne fait pas de contrat de ventre opposable à une troisième entité.

Le mariage, au contraire, est un contrat (et même plus qu’un contrat, une convention) tripartite. Les époux se marient devant le maire, ce n’est pas anodin. Personne n’appelle le maire pour vendre sa voiture ou acheter son pain. Pour se marier, si. Le maire représente, le jour du mariage, cette troisième partie : la société. C’est lui qui déclare les époux mari et femme, en cela reconnaissant au nom de la société l’union qui vient d’être conclue. C’est d’ailleurs l’origine de l’obligation de publication des bans : On annonce officiellement ses intentions à la société, et on lui donne le temps de réagir, si quelqu’un juge avoir des raisons valables de s’opposer au mariage.

Le mariage est une tradition multiséculaire qui implique un minimum de formalisme et de rigueur. On ne peut pas à la fois demander de ne pas respecter la tradition et exiger de la respecter dans le cadre restreint dans lequel la mode du moment voudrait la contenir.

Le problème -car il y en a effectivement un- vient du fait que l’état est venu greffer des considérations financières sur le mariage et, par opposition, au non-mariage. Ainsi, les héritiers ont plus de droits sur des époux que sur des concubins, les mariés profitent d’avantages fiscaux sur les simples concubins, etc. Le problème n’est donc pas la tradition mariage, mais ce qu’en a fait l’état.

Demander à l’état d’abolir cette distinction en sabotant l’institution mariage n’est pas la solution, mais l’aggravation du problème. Car oui, le mariage a vocation à représenter l’union d’un homme et d’une femme, et ce, dans le but de fonder une famille. Que le but soit ou non techniquement atteint voire atteignable n’entre pas en ligne de compte : Un homme uni à une femme est normal. Le mariage sanctionne cette normalité. L’homosexualité n’est pas normale, dans le sens d’a-normal  : pas dans la norme. Nous en revenons au caractère naturel ou non de cette forme de sexualité.

Je me doute de la revendication suivante : Elle est déjà dans les tuyaux. C’est l’adoption. Qu’on ne pourra refuser à des couples mariés. Viendra bientôt, n’en doutons pas un instant, la procréation médiale assistée. Qu’on ne pourra pas non plus refuser, pour les mêmes raisons. De nombreuses autres revendications schizophrènes (dans le sens où la demande consiste à la fois à défendre le droit à la différence et à exiger d’être traité comme si la différence était absente)  se font régulièrement jour. Ainsi les transsexuels demandent déjà la reconnaissance officielle de leur supposé changement de sexe, voire la prise en charge pas la sécurité sociale de leurs opération. Si ces thèmes ne sont pas identiques au mariage homosexuel, ils participent cependant à la même mouvance, dont la tendance à long terme est, tout de même, destructrice.

Comme je le disais en introduction, l’homosexualité est une pratique choisie. C’est donc par choix que les homosexuels se placent en dehors de la norme, naturelle comme sociétale. Ils n’ont pas, en conséquence, à exiger que la norme change pour s’adapter à leurs préférences. L’égalité de droit n’a jamais été le droit de faire tout ce que les autres peuvent faire. Un homme ne peut exiger d’enfanter, un paraplégique de marcher, un vieux de ne pas mourir de vieillesse. La différence est dans la nature. Notre liberté consiste à pourvoir nous adapter, pas de forcer les autres valider nos propres choix.