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Le pinson

Par Corboland78

Le pinson des arbres a la taille d’un moineau, mais en plus racé. Le mâle a le dessus de la tête et le cou bleu ardoisé, le dos brun, la poitrine et les joues rouge brique, le ventre blanchâtre et deux larges épaulettes blanches sur les ailes. La femelle est plus terne.

Les pinsons des arbres sont communs et répandus partout chez nous, que ce soit dans les bois, les vergers ou les jardins ou encore en montagne, grimpant jusqu’à 2000 mètres, l’essentiel étant qu’ils y trouvent des arbres comme leur nom l’indique. Néanmoins, ils recherchent les espaces ouverts à la végétation très rase pour y glaner sa nourriture.

Ils se nourrissent surtout de graines, céréales, baies et bourgeons, mais ne crachent pas sur les insectes. Sédentaires dans nos régions, ils passent l’hiver en bandes du même sexe en compagnie des oiseaux venus du Nord tandis que les femelles descendent vers le Sud et l’Espagne.

L’expression « gai comme un pinson » ne correspond pas vraiment à la réalité. Si le mâle chante, c’est pour défendre les frontières de son territoire avant tout, il s’agit d’un chant guerrier, néanmoins comme il défend ce territoire durant la période où la femelle couve leurs petits, on peut éventuellement aussi, considérer ce chant comme une sorte de joie exaltée à devenir papa !

Concernant le nid, il est presque toujours construit dans un arbre à une hauteur variable (2 à 10m) sur un site choisit par le mâle. Par contre, c’est la femelle seule qui construira la petite corbeille très soignée et solide, faite de radicelles, fibres, squelettes de feuilles, recouverte extérieurement de lichens, fragments d’écorces et toiles d’araignées. L’intérieur est garni de poils, laine, duvets végétaux et plumes. Un « Home sweat home » bien confortable en somme. Des calculs ont démontré qu’il fallait à la femelle, 1300 voyages pour construire son nid, sous l’œil protecteur du mâle chantant à tout berzingue à la cantonade !

Les deux pontes ont lieu en avril-mai puis juin-juillet et donnent chacune 4-5 œufs couvés 12 à 14 jours ; les jeunes resteront au nid une petite quinzaine avant d’aller vivre leur vie ailleurs.

Pour compléter ce que je disais sur la construction du nid des pinsons, faisons appel une fois encore à Jean-Henri Fabre et ses Souvenirs entomologiques, où il aborde cet aspect de la question :

« Il ne suffit pas que l’industrie animale sache se plier, dans une certaine mesure, aux exigences fortuites pour le choix de l’emplacement du nid ; la prospérité de la race impose une autre

condition, que ne saurait remplir l’inflexibilité de l’instinct. Dans l’assise extérieure de son nid, le pinson, par exemple, fait abondamment entrer le lichen. C’est sa méthode à lui pour fortifier l’édifice et maintenir dans un moule robuste d’abord le sommier de mousses, de fines pailles, de radicelles, et puis le délicat matelas de plumes, de laine, de duvet. Mais si vient à manquer le lichen consacré par l’usage, l’oiseau s’abstiendra-t-il de nidifier ? Renoncera-t-il aux joies de la couvée parce qu’il n’a pas de quoi fonder suivant les règles l’établissement de la famille ? Non, le pinson n’est pas embarrassé pour si peu ; il se connaît en matériaux, il est au courant des équivalents botaniques. À défaut des lanières des évernies, il cueille les longues barbes des usnées, les rosaces des parmélies, les membranes des stictes arrachées par lambeaux ; s’il ne trouve pas mieux, il s’accommode des touffes buissonnantes des cladonies. En lichénologue pratique, lorsqu’une espèce est rare ou manque dans le voisinage, il sait se rabattre sur d’autres, de forme, de coloration, de consistance très diverses. Et si, par impossible, le lichen manquait, je crois au pinson assez de talent pour savoir s’en passer et construire la base de son nid avec quelque grossière mousse. Ce que nous apprend l’artisan en lichens, les autres oiseaux travaillant les matériaux textiles nous le répéteraient. Chacun a sa flore de prédilection, à peu près constante si la récolte ne présente pas de difficultés, et riche en auxiliaires si le végétal préféré fait défaut. La botanique de l’oiseau mériterait examen ; il serait intéressant de faire, pour chaque espèce, le relevé de son herbier industriel. »

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