Auteur : Eli Esseriam
Editeur : Nouvel Angle / Matagot
Prix : 14,90 €
"Tu as essayé d'inverser les effets de ton don, avant que tu admettes que tu n'étais pas fait pour ça. Tout simplement. Ce n'est pas ton rôle de guérir ton prochain. Un Cavalier de l'Apocalypse n'existe pas pour ça. Sa mission, sa destinée, ce n'est pas d'être un héros. Et cette réalité indéniable te fait souffrir chaque seconde de chaque heure de ta vie. Heureusement pour toi, cette dernière n'est pas censée durer."
Elias Land, Cavalier Pâle
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Je ne saurais vraiment pas expliquer pourquoi, mais dès Alice, quand on avait les visuels des couvertures à venir et que l'on connaissait les descriptions des quatre Cavaliers, je sentais qu'avec Elias, ça serait particulier.
Je ne trouve pas les mots pour l'expliquer correctement, juste une sentiment, une impression diffuse qu'Elias serait "mon" Cavalier.
Cette lecture n'a fait que confirmer tout ça, faisant de celle-ci sûrement la plus extraordinaire, mais également la plus douloureuse.
"L'être humain n'est qu'un nostalgique en puissance qui a juste oublié qu'il n'était pas plus heureux, avant. [...] La pression est telle que, à peine sortis de l'enfance, on rêve d'y retourner, de s'y lover, s'y nicher. S'y emmurer. La nostalgie touche les gens de plus en plus tôt. Si quelqu'un te déclare un jour n'avoir jamais rêvé de remonter le temps pour corriger, rectifier, modifier quelque chose, tu auras devant toi un menteur. Tout être souhaite pouvoir avoir le choix. À nouveau."
Elias est le Cavalier Pâle. Il le sait depuis toujours. La maladie n'a aucun effet sur lui, et la moindre égratignure se referme immédiatement.
Par contre, tous ceux qu'il touche se voient souffrir d'une affection ou l'autre, et meurt prématurément. Il est la maladie, la fièvre, le cancer, le pus, la pourriture des tissus.
Comment un enfant peut vivre avec un tel "don" ? Comment grandir et s'épanouir quand on ne peut toucher personne sans risques, même pas sa propre mère ?
Cette particularité s'accompagne d'un autre cadeau (des Cieux, de la nature, qu'importe) : le voyage dans le temps.
C'est grâce à ça, et à quelques essais et allers-retours, qu'il se retrouve à écrire un journal pour un futur lui. Pour le prévenir, pour se prévenir des risques, des dangers se tramant autour de lui.
Car parfois, il y a pire que de devoir préparer l'Apocalypse.
"Tu ne sentiras jamais le frisson sur la peau de quelqu'un grisé par ta main. Tu ne devineras pas sa timidité en sentant sa paume devenir moite contre la tienne. Tu ne pourras jamais vivre ton premier baiser parce qu'il serait fatalement le dernier pour l'être aimé. Tu ne connaîtras pas les plaisirs de la chair puisque cela ferait de toi un assassin. Est-ce qu'il y a pire perspective ? Je ne crois pas."
Bon sang, dire que je croyais avoir un peu fais le tour des émotions avec cette série, j'étais loin de mes surprises.
Comme je l'ai dis au début, j'étais persuadée qu'avec Elias, il y aurait quelque chose en plus. Je ne sais pas pourquoi, mais rien qu'à voir la couverture et à en lire le quatrième, j'avais le coeur serré et une boule dans la gorge.
Bon, pour vous résumer : j'ai pleuré quasi tout au long de ma lecture.
Elle fut dure, laborieuse, douloureuse, presque physiquement, tellement chaque nouvelle émotion était comme un pieu enfoncé dans mon coeur, dans mon ventre.
Elias, c'est la mélancolie à l'état brut, dans le sens médical du terme. C'est complètement hallucinant la façon dont l'auteur arrive à nous la faire partager, à rendre toutes ces émotions si vivaces, si réelles, palpables.
Je ne crois pas que ça soit possible de rester de marbre en lisant ce tome. C'était déjà vraiment peu probable avec les précédents, mais on atteint ici une sorte de paroxysme dans les émotions et dans la promiscuité avec le narrateur.
D'ailleurs, on sent comme un changement de cap, il y a certaines différences avec les autres Cavaliers qui rendent celui-ci si particulier.
Déjà, la narration. C'est Elias qui se parle à lui-même, en quelque sorte. Ou du moins, à une autre copie de lui. Il passe par un journal, où il retranscrit ses souvenirs marquants l'amenant jusqu'au présent, le tout écrit à la deuxième personne du singulier.
Quelque peu déstabilisant au début, on se rend vite compte que c'est là une façon d'être au plus proche des pensées d'Elias.
On apprend à le connaître comme le Elias qui lit apprend à se connaître lui-même. Brillant.
Et alors que dans les autres volumes, on n'avait que quelques vagues signes des autres Cavaliers, ici les clins d'oeil prennent plus de place. Ils sont cités plusieurs fois et leur présence se fait de plus en plus sentir au fil des chapitres. D'ailleurs, la fin laisse présager un tome final explosif et des plus intense.
"On s'habitue à tout, même à l'hostilité, au silence agressif, aux regards dégoûtés. Y compris lorsque tout ça vient de son propre père."
Impossible de décrire Elias sans avoir lu ce livre. Il y a une telle richesse dans les émotions, c'est tout simplement incroyable. J'avais déjà du mal à écrire mes avis pour les Cavaliers précédents, car c'est dur de résumer en une chronique des livres d'une telle qualité.
Mais pour Elias, j'ai presque envie de baisser les bras, parce que peu importe ce que je pourrait écrire, ça n'effleurera jamais la grandeur du livre, je n'arriverais jamais à vous transmettre le douloureux bonheur que l'on éprouve pendant cette lecture.
Encore une fois, Eli Esseriam a réussis à me surprendre par la qualité de sa plume, toujours plus grande, toujours plus précieuse.
C'est dingue comme j'arrive encore à être émerveillée à ce point au bout de quatre livres. Mais franchement, il y a de quoi. Il n'y a pas beaucoup d'auteurs qui peuvent se vanter de faire éclater de rire un lecteur alors que la scène ne s'y prête pas, ou à le faire fondre en larmes alors qu'il ne s'y attendait absolument pas.
Certains passages sont d'une douleur telle qu'il me fallait suspendre ma lecture quelques instants, le temps que les sanglots s'espacent un peu.
Je suis tombée profondément amoureuse d'Elias, et je n'avais qu'une envie, c'est de le prendre dans mes bras, l'embrasser et lui souffler que ça ira, qu'il n'est plus seul, qu'il y arrivera.
C'est sûrement parce que je me suis reconnue dans pas mal de ses pensées, ou tout simplement dans ses regrets, ses idéaux. Mais en tout cas, c'est vraiment de lui dont je me suis sentie le plus proche.
Je pense que ça pourrait être le cas de pas mal de lecteurs, Elias étant un peu ce que l'adolescence a de plus écorchée, solitaire, désespérée et à fleur de peau.
C'est en tout cas un personnage d'une intensité jamais vue dans d'autres titres YA, qui choquera sans aucun doute mais qui, j'en suis certaine, saura également se faire aimer profondément.
"[...] À chaque fois que quelqu'un naît, c'est un univers complet qui apparaît avec lui ! Tout change, tout se réorganise et s'aménage en fonction de lui ! Autour de lui ! Et quand il disparaît, tout est à refaire en sens inverse ! Alors si, si, c'est la fin du monde !"
Rien qu'à reparcourir ce livre, à le feuilleter pour y trouver mes citations favorites, j'en ai les larmes aux yeux, la gorge serrée, en repensant à telle ou telle scène plus intense encore qu'une autre, à tel personnage extrêmement touchant, à tel émotion dont la richesse me suit quelques temps encore.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des livres qui vous remue autant ? Pour l'instant, moi, je n'en connaîs que quatre ...
Mille mercis à Nouvel Angle / Matagot ... que je ne remercierais jamais assez, au final, de publier ces bijoux.
Mes chroniques des tomes 1 : Alice, 2 : Edo et 3 : Maximilian.
Et retrouvez mon interview à laquelle a bien voulu se prêter Eli Esseriam.