Nadine Morano ne décolère pas. A ceux qui lui font le reproche d'avoir un peu trop collé aux thèses du Front National, elle réplique avec des sorties mémorables, dont elle a le secret.
On citera les fameux : « Me faire passer pour quelqu'un par exemple qui serait raciste, alors que j'ai des amis qui sont justement arabes, dont ma meilleure amie qui est tchadienne, donc plus noire qu'une Arabe, je trouve ça choquant », « La pizza, je l'aime plutôt Regina, et pas orientale. En revanche, j'adore le couscous, et les bricks à l'œuf »
Sans oublier cette référence sur le terme de « poissonnière » que certains lui attribuent : « Je trouve ça complètement fou d’aller critiquer les poissonnières, à qui je rends hommage d’ailleurs »
Humour, diront ses défenseurs ! Oui, mais le problème de Nadine Morano, c'est que ça fait bien longtemps qu'on ne sait plus à quel moment elle est sérieuse et à quel moment elle plaisante !
Au delà du festival verbal auquel nous a habitués l'ancienne ministre de l'apprentissage, qui a longtemps rêvé que son Président lui accorderait un grand ministère, elle n'a toujours pas digéré que ce soit NKM qui ait été choisie comme porte parole de son Président candidat au fait qu'elle incarnait : « (...) l'atout chic de Nicolas Sarkozy, quand Nadine Morano, ministre chargée de l'apprentissage, est censée séduire la droite populaire avec sa gouaille et ses manières directes (...) »
Gouaille et manières qui lui ont été fatales dans le canular de Gérald Dahan où elle avait répondu avec une extrême courtoisie à un faux Louis Aliot du FN allant jusqu'à lui proposer de maintenir le contact après les législatives. Les échanges sur Twitter entre François Fillon et elle à ce sujet ont donné lieu à quelques phrases cultes : « François Fillon devrait dénoncer le délit pénal d'un Dahan militant socialiste, pour le reste je suis une responsable politique libre » Et « Je ne suis pas sa collaboratrice, même plus sa ministre, je dis ce que je veux »
Entre temps, Nadine Morano était largement battue, au deuxième tour, puisqu'elle obtenait 44, 33 % des voix , contre 55,67% pour son adversaire PS. Néanmoins, elle considère que sans le canular le résultat aurait été tout autre.
C'est pourquoi elle vient d'écrire sur son compte Twitter : « Jeudi, je dépose un recours au Conseil Constitutionnel et ma plainte au Tribunal » tout comme elle écrit ce qui devrait être l'un de ses arguments phares, pour faire annuler l'élection : « La presse rapporte que Gérald Dahan et Thomas Hollande ont déjeuné ensemble au restaurant le Cosi rue Cujas à Paris mardi... »
Car comme l'affirme Nadine Morano : « Je n'étais pas attaquable sur mon bilan donc, pour pouvoir gagner, ils ont eu recours à cette manipulation. Car ce canular n'était pas destiné à faire rire mais bien une manoeuvre politique à 48 heures d'une échéance »
Certains lui feront remarquer que c'est un peu mince pour justifier sa demande d'annulation. D'autant que si, comme Fillon lui faisait remarquer, elle avait raccroché au lieu de se répandre au téléphone, le canular serait tombé à l'eau et elle aurait probablement obtenu au moins ... 44, 33 % des voix !
Pas certain que Nicolas Sarkozy devenu entre temps membre du Conseil Constitutionnel ait envie ou puisse lui être d'un grand secours dans sa quête. Mais l'essentiel n'est-il pas d'essayer ?
Crédit et copyright photo Le Progrès