De niveaux records de radiations dans le sous-sol du bâtiment du réacteur numéro 1 de la centrale accidentée de Fukushima au Japon ont été décelés mercredi 27 juin par la compagnie d'électricité Tokyo Electric Power (Tepco) qui en a la gestion.
Les niveaux de radiations enregistrés juste au-dessus de l'eau radioactive présente dans le sous-sol atteignent en effet jusqu'à 10 300 millisieverts/heure, soit une dose par laquelle l'homme devient malade au bout de quelques minutes seulement... et peut mourir en environ 40 minutes.
Ce niveau de radiation est dix fois supérieur à ceux relevés dans les deux autres réacteurs, numéro 2 et 3 de la centrale nucléaire, qui ont également été touchés par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui ont provoqué à Fukushima la pire catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986.
La dose annuelle admissible de radiations.... atteinte en 20 secondes !
Les travaux de démantelement des réacteurs, qui devraient prendre plus de 40 ans tant l'ampleur de la tâche est grande, sont ainsi aujourd'hui fortement compromis. Il ne faut en effet qu'une vingtaine de secondes pour que soit dépassée la dose annuelle de radiations admissible en un an pour les ouvriers du site. "Les travailleurs ne peuvent pas pénétrer en ces lieux et nous devrons préparer le démantèlement à l'aide de robots", a expliqué Tepco.
Quel avenir énergétique pour le Japon ?
Ces taux de radiations records ont été rendus publics alors même que deux sismologues japonais de renom ont critiqué mardi la décision des autorités d'avoir redémarré deux réacteurs nucléaires au nord-ouest de Tokyo, à la centrale d'Ohi, estimant que les leçons de l'accident de Fukushima n'ont pas été retenues. Ces réacteurs sont les premiers à fonctionner dans le pays depuis début mai, date à laquelle tous les réacteurs de l'archipel étaient à l'arrêt pour des contrôles ou des opérations de maintenance, suite à l'accident nucléaire de Fukushima.
Katsuhiko Ishibashi, sismologue à l'université de Kobé, a ainsi déclaré lors d'une conférence de presse que "les tests de résistance et les nouvelles règles de sécurité pour le redémarrage des centrales laissent ouverte la possibilité d'accidents". Son collègue Mitsuhisa Watanabe, professeur de géomorphologie à l'université de Tokyo, a estimé lors de la même conférence de presse que "la compétence et la neutralité des experts qui conseillent l'Agence de sûreté nucléaire (étaient) hautement discutables".
Alors que la compagnie Tepco, dont les finances ont été dévastées par les conséquences de la catastrophe nucléaire de Fukushima, vient d'être nationalisée, le débat sur l'énergie nucléaire est plus que jamais au coeur des préoccupations des Japonais.
Beaucoup d'entre eux rejettent aujourd'hui l'énergie nucléaire, comme Toru Hashimoto, figure montante de la classe politique et maire de la ville d'Osaka, plus gros actionnaire de la compagnie d'électricité Kansai Electric Power, et qui défend la suppression rapide de toutes les centrales. Une éventualité cependant jugée économiquement irréaliste par les banques et autres institutions financières.
"En réfléchissant à un horizon de 5 ou 10 ans, on ne peut pas penser Tepco sans énergie nucléaire", a déclaré jeudi 28 juin le nouveau président du conseil d'administration de la compagnie Tepco, Kazuhiko Shimokobe, lors d'une conférence de presse.
Le combat entre "pro-nucléaires" et "anti-nucléaires" ne fait que commencer. L'avenir énergétique du Japon est ainsi encore bien incertain...
Stella Giani