Les régions attirent de plus en plus de petits ménages

Publié le 28 juin 2012 par Seifenblase @Pointe_d_Actu

En 2009, la France comptait 27,5 millions de ménages. C’est 3,2 millions de plus qu’en 1999, selon une enquête sortie ce matin de l’INSEE. À l’origine de cette augmentation, essentiellement les ménages d’une ou deux personnes. En particulier, la part des ménages d’une personne progresse dans presque toutes les régions. L’évolution des modes de cohabitation et le vieillissement de la population expliquent l’augmentation des ménages d’une personne. Parallèlement, la part des familles nombreuses recule.

En 2009, 27,5 millions de ménages résidaient en France : un tiers composé d’une seule personne, un tiers de deux personnes et le dernier tiers de trois personnes ou plus. Depuis 1999, le nombre de ménages a augmenté de 3,2 millions. Les petits ménages d’une ou deux personnes sont à l’origine de cette augmentation, alors que le nombre de ménages de trois personnes ou plus est stable. Ainsi, la part des petits ménages s’est accrue. Ce mouvement date de plusieurs décennies : en 1975, les ménages d’une personne ne représentaient qu’un cinquième des ménages, ceux de trois personnes ou plus en représentaient la moitié. En 2009, le Limousin, l’Auvergne et l’Île-de-France comptaient la plus forte proportion de ménages d’une personne. En métropole, la part de ménages d’une personne est plutôt plus élevée au Sud qu’au Nord. Depuis 1999, la part des ménages d’une personne progresse dans toutes les régions à l’exception de la Guyane et de la Corse. En dix ans, les écarts nord-sud se sont ainsi plutôt réduits.

Part des ménages selon leur taille.

Une des raisons : le vieillissement de la population

Le vieillissement de la population explique un tiers de l’augmentation des ménages d’une personne. À mode de cohabitation inchangé, 600 000 des 1,7 million de ménages d’une personne supplémentaires résultent de la croissance de la population des 60 ans ou plus. Entre 1999 et 2009, le nombre de ménages d’une personne de 30 à 59 ans augmente de 900 000 : 200 000 peuvent être expliqués par l’augmentation de la taille de la population des 30-59 ans et 700 000 par l’évolution des modes de cohabitation à ces âges. Au-delà de 60 ans, peu de personnes vivent dans un ménage de trois personnes ou plus : les enfants ont quitté le foyer et la cohabitation des parents âgés avec leurs enfants est devenue peu fréquente. Or, dans la dernière décennie, l’augmentation des 60 ans ou plus a été particulièrement forte (+ 18 %, contre + 7 % pour l’ensemble de la population). Les premiers baby-boomers ont fêté leurs 60 ans au milieu des années 2000, remplaçant progressivement des générations moins nombreuses, notamment les générations creuses nées pendant la première guerre mondiale. À cela s’ajoute la hausse de l’espérance de vie. Le Limousin, région à la population la plus âgée (29 % de personnes de 60 ans ou plus), est celle dont les ménages sont en moyenne les plus petits (37 % de ménages d’une personne). La Guyane est dans la situation inverse (6 % de personnes de 60 ans ou plus, 21 % de ménages d’une personne) ; c’est le cas aussi, dans une moindre mesure, des autres départements d’outre-mer.

Une plus grande fragilité des unions chez les 30-59 ans

Le changement des modes de cohabitation explique plus de la moitié de l’évolution du nombre de ménages d’une seule personne (900 000 des 1,7 million de ménages d’une personne supplémentaires). Ce phénomène joue essentiellement avant 60 ans, en lien avec la plus grande fragilité des unions. En France métropolitaine, le nombre de ménages composés d’une personne seule de 30 à 59 ans a augmenté de 32 % en dix ans : 8 points sont liés à la hausse du nombre de personnes de 30 à 59 ans dans la population des ménages, et 24 points sont dus à la hausse de la proportion des personnes résidant seules à ces âges. Ainsi, entre 30 et 59 ans, on vit moins souvent en couple en 2009 qu’en 1999 (- 4 points) et plus souvent seul dans son logement (+ 3 points). Les parents de famille monoparentale sont un peu plus nombreux. À ces âges, les proportions régionales de personnes seules se sont rapprochées. En 1999, la part de personnes seules de 30 à 59 ans était la plus faible à la Réunion ; en 2009, elle ne se distingue plus de la Guyane de ce point de vue (10 % de personnes de 30 à 59 ans résidant seules). La Lorraine, le Nord – Pas-de-Calais et la Picardie faisaient aussi partie des régions où l’on résidait le moins souvent seul entre 30 et 59 ans. En Île-de-France, la part des personnes résidant seules entre 30 et 59 ans évolue peu. Cependant, avec un Francilien sur six logeant seul à ces âges en 2009, ce mode de vie reste plus fréquent que la moyenne.

Un impact des modes de cohabitation plus limité chez les 60 ans ou plus

Part des familles nombreuses parmi les familles avec enfants de moins de 25 ans.

Après 60 ans, les modes de cohabitation évoluent aussi. La proportion de personnes en couple augmente à chaque âge avec l’allongement de l’espérance de vie. 63 % des 60 ans ou plus vivent en couple. Dans le même temps, la cohabitation entre générations recule. Ainsi, bien que les personnes âgées soient plus souvent en couple, la part de personnes de 60 ans ou plus résidant seules augmente. La hausse du nombre de personnes seules à cet âge n’en est pas moins essentiellement liée à l’augmentation de la population des 60 ans ou plus. Seul le Limousin fait exception, en partie parce que la croissance de la population âgée y est particulièrement faible au regard de la moyenne : le facteur démographique joue moins que l’évolution des modes de cohabitation. En France métropolitaine, le nombre de ménages composés d’une personne seule de 60 ans ou plus a augmenté de 22 % en dix ans : 17 points sont liés à la hausse du nombre de personnes de 60 ans ou plus dans la population des ménages, et 5 points sont dus à la hausse de la proportion de personnes résidant seules à ces âges. En Corse et en Île-de-France, les personnes de 60 ans ou plus résident moins souvent seules qu’il y a dix ans. Ce sont pourtant les deux régions métropolitaines ayant les modes de partage du logement les plus contrastés : alors qu’un Francilien de 60 ans ou plus sur trois habite seul, ce n’est le cas que d’un Corse sur quatre. À ces âges, un Corse sur dix vit sans conjoint avec d’autres personnes en plus de ses éventuels enfants. Il en est de même dans les DOM, malgré un fort recul de cette proportion depuis dix ans. En France, ce mode de vie ne concerne que 4 % des personnes de 60 ans ou plus. Dans quelques régions, comme en Provence – Alpes – Côte d’Azur (Paca), en Corse ou en Guadeloupe, les 60 ans ou plus contribuent légèrement plus que les 30-59 ans à l’augmentation du nombre de petits ménages. Mais quelle que soit la région, sur les dix dernières années, les moins de 30 ans participent moins que leurs aînés à l’augmentation des ménages d’une personne.

Moins de grands ménages : vers une moindre dispersion de la part des familles nombreuses sur le territoire

Parallèlement, la part des grands ménages (cinq personnes ou plus) ne cesse de se réduire. En 2009, un ménage sur quinze est composé de cinq personnes ou plus. La grande majorité de ces ménages sont des familles nombreuses (au moins trois enfants). Les autres sont des ménages à structure plus complexe (plusieurs générations par exemple). La part des familles nombreuses (parmi celles avec enfants de moins de 25 ans) diminue dans presque toutes les régions, en général de manière d’autant plus marquée qu’elle était élevée en 1999. En France, parmi les familles ayant au moins un enfant de 0 à 24 ans, 18 % ont trois enfants ou plus, de cet âge en 2009. Elles étaient 20 % en 1999. Ainsi, dans les régions du Sud comme le Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées ou Paca et les régions les plus âgées (Limousin, Auvergne), la part des familles nombreuses, déjà relativement faible, ne recule que modérément. À l’opposé, la part des familles nombreuses recule de 4 à 5 points aux Antilles et à la Réunion, mais aussi dans le Nord – Pas-de-Calais et en Corse. Dans les DOM et les régions du Nord, la part de familles nombreuses était traditionnellement élevée (liée à une fécondité plus importante) : l’écart avec les autres régions s’est réduit en dix ans. La part de familles nombreuses recule également fortement en Corse, alors qu’elle était déjà basse dans cette région. C’est maintenant la plus faible de France : une famille corse sur neuf est nombreuse, contre une sur cinq en moyenne nationale. En Île-de-France, la part des familles nombreuses reste stable et légèrement supérieure à la moyenne nationale (20 %, contre 18 %).