Joueur de flûte assis sur une branche de saule,
contemplant le Mt Fuji, 1839 - ©
Katsushika Hokusai (1760-1849), "le fou de dessin" comme il se
qualifiait lui-même, fascina ses contemporains japonais et influença fortement les peintres
impressionnistes Monet, Van Gogh, Gauguin, Degas... Ce n'est peut-être pas le premier
mangaka, mais il est à l'origine du terme
manga. Publié à partir de 1814, La Manga est un livre qui comptera 15 volumes et près de 4000 planches après la mort de son auteur.
Portrait du Japon de l'âge Edo, ce monumental carnet de croquis
fourmille d'êtres et d'objets, de samouraïs à l'exercice, planches
botaniques, motifs de kimono, portraits de geishas, de
paysans, de sumos, ou créatures fantastiques, instants volés, scènes cocasses, tableaux oniriques. Un ouvrage de 800 pages, Hokusaï Manga, est paru l'an dernier aux Editions de la Martinière, regroupant près de 300 croquis inédits reproduits dans les teintes de la
gravure sur bois de l'époque, avec des gros plans commentés par
des spécialistes japonais.
Ce personnage haut en couleurs devint au fur et à mesure le héraut de la spiritualité japonaise. Vivant entouré d'une cour de petits poètes, il se faisait proposer un poème tous les matins. On ne résiste pas au plaisir de vous conter ce fantastique haïku :
Un jour un poète arrête Hokusaï,
- "ô Maître, écoute : u-ne li-be-llu-le, ô-tez-lui les ai-les, c'est un ha-ri-cot" (17 syllabes)
Hokusaï médite, puis revient :
- "non, écoute plutôt : un ha-ri-cot, met-tez-lui des ai-les, c'est une li-be-llu-le" (idem)
C'est toute la différence entre deux attitudes, une positive et une négative. Hokusaï signifiait par là qu'on peut mettre des ailes à la réalité. Sur son lit de mort, il prononce ces humbles paroles : "encore cinq ans de plus et je serais devenu un grand artiste". Sur sa pierre tombale figure cette épitaphe : "oh! la liberté, la
belle liberté, quand on va aux champs d'été pour y laisser son corps
périssable !"
Pour aller plus loin :
exposition virtuelle sur l'estampe japonaise