Suite à une catastrophe nucléaire, le monde est désormais plongé dans le chaos. Les forts écrasent les faibles et rien ne semble pouvoir changer cela. Sauf Kenshiro. Héritier de l’un des arts martiaux les plus puissants (Hokuto Shinken), il parcourt ce monde désolé et aide tous ceux qui ont besoin de lui. Mais Kenshiro a un autre but: trouver la femme qu’il aime. Et son périple sera aussi long et enrichissant que difficile.
On connait tous Ken le Survivant qui passait dans le Club Dorothée (anime presque aussi vieux que moi d’ailleurs, ca fait bizarre). Mais le mangaqu’en est-il du manga?
A l’époque, je n’étais pas du tout fan de la série. Je n’aimais pas le design et l’histoire me semblait très floue. D’accord, j’avoue que j’écoutais le générique avec plaisir mais ca n’allait pas plus loin. En même temps, j’avais moins de 10 ans et je ne pense que pas qu’on puisse apprécier ce genre d’anime si jeune. Mais avec le temps (et beaucoup de nostalgie), j’ai succombé à l’appel du manga. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’ai pas du tout eu la même sensation que dans ma jeunesse. L’impression que j’ai aujourd’hui est bien plus positive. Explications.
Hokuto no Ken est violent, on ne peut guère le nier. Entre l’ambiance apocalyptique très bien retranscrit, avec un monde en ruine, plongé dans le chaos le plus total où règne la loi du plus fort, et la violence des combats où chaque méchant se voit finir en bouillie, Ken est violent, très violent même. C’est aussi l’occasion d’apprécier des techniques de malade. Comment ne pas être admiratif quand Ken presse un point et que le méchant se met à onduler comme une baudruche? Comment ne pas pas être contemplatif quand il se met à contrôler le corps de ses ennemis, juste avec un doigt pour qu’il lui dise tout? Sans parler des murs, des pierres, des corps humains et de tout ce qu’il veut, détruit en un seul coup. Ken, c’est le guerrier sur lequel on n’aimerait pas tomber en sortant de boite de nuit, sous peine de se retrouver manchot et sans comprendre pourquoi.
J’ai l’air d’être méchant mais j’ai apprécié Hokuto no Ken. Certes, les combats sont totalement irréalistes et légèrement répétitif avec le temps, notamment le manque d’inspiration de notre héros qui balance toujours sa phrase fétiche « tu es déjà mort ». Après 26 tomes, on peut être en droit de trouver le manga répétitif mais ce n’est qu’un détail. Si dans l’anime de 1984, ce n’était pas évident (peut-être à cause de notre jeune âge), Hokuto no Ken n’est pas si noir. D’accord, c’est l’apocalypse tout le temps mais il y a aussi de bons sentiments. Par exemple, Ken est très humain, très bon, même si sa tête fait carrément flipper. Il apporte un peu d’espoir (mais pas de finesse dans ce monde de brute ^^) et les gens qu’il croise sont subjugués par son aura et ont envie de croire en lui. Et tous ceux qui ont croisé son chemin ont enfin l’impression de connaitre quelques moments de paix et de voir enfin un avenir un peu moins noir. Pas étonnant que tous les perçoivent comme un sauveur.
Les trois frères du Hokuto
Mais le point fort du manga ne réside pas en son héros mais deux autres personnages: Toki et Raoh. Personnellement, ce sont mes personnages préférés, de part leur classe, leurs attitudes antagonistes, leur histoire personnel et leur force. Attention, je ne dis pas que Ken est faible et n’a pas de caractère. Pas du tout. Ce n’est pas un héros qui se découvre petit à petit. Dès son plus jeune âge, il est déjà fort et déjà charismatique. Peu d’ennemis sont capables de rivaliser avec lui et sa technique n’a presque aucun défaut. On aime son côté impassible et ses accès de colère face à la brutalité des bandits. Non, si Toki et Raoh sont plus intéressants, c’est dans leur manière d’appréhender les choses.
Toki le sage (et son côté Jésus, par du tout fait exprès ^^), le plus grand guerrier du Hokuto, dont tout le monde reconnait la force et la splendeur, y compris ses ennemis. Malgré ça, c’est un homme profondément bon et sincère, qui cherche à aider les autres, même aux portes de la mort. Il incarne la face tranquille de la puissance, qui ne sert pas qu’à détruire. A l’inverse de Raoh qui, malgré une excellente technique, est surtout connu pour sa force et sa violence. C’est le méchant de la première partie du manga mais un méchant qu’on ne peut détester. Il inspire la peur et est une brute épaisse mais on s’aperçoit que cette attitude cache quelque chose. Raoh a vite compris que ce monde était perdu et qu’il fallait quelqu’un de fort pour l’unifier. Et pour mettre fin à la violence inhérente, il a choisi plus de violence. Son choix est discutable mais son but n’était pas aussi mauvais qu’on peut le croire. Il cherchait simplement à mettre fin à un destin sombre. c’est pour cela qu’il n’hésite pas à pleurer pour son frère mourant ou à aider Kenshiro quand celui-ci est en danger. Raoh est plus maladroit que mauvais. Il est l’opposé de Toki, qui préfère la parole et les actes de bonté à la puissance.
Et c’est pour cela que la première partie du manga est meilleure que la 2ème. Elle dure d’ailleurs plus longtemps et est riche en rebondissement. Le début est une introduction classique mais très vite, on comprend vite où l’histoire nous emmène et révèle ses éléments petit à petit. Les adversaires de Ken lui apporte ce qui lui manque et parfont son art. Il le dit lui-même à plusieurs reprises. Les grands ennemis qu’il a affronté sont tous de valeur et le pousse à améliorer ses techniques. Mais c’est surtout la douleur de perdre des valeureux combattants qui le perfectionne, et particulièrement ses frères. Car la force de Ken ne se base pas sur la colère ou la vengeance mais sur la tristesse. Il porte en lui le souvenir de ses proches et se bat pour eux, avec eux. Cette partie fait penser à un voyage initiatique car même s’il est fort, Kenshiro n’est pas encore parfait.Et le final est de toute beauté, avec les révélations qu’on attendait et un Raoh plus grand, plus fort et plus magnifique que jamais.
La deuxième partie est un poil en dessous car elle ne fait que reprendre le schéma de la première. Il y a certes de nouvelles choses, comme par exemple Lynn et Batt qui ont grandi et ont grandi avec l’enseignement de Ken. Mais on s’aperçoit vite que l’histoire est une sorte de remake de ce qu’on a vu avant, avec quelques « surprises » quand même. Là où cette partie est moins bonne, c’est paradoxalement Ken. Après avoir vaincu tous ses ennemis intimes, Ken est devenu trop fort. Il n’y a plus son apprentissage, cette phase de découverte. Il connait tout, à tout vu et a une totale conscience de sa force. Si bien qu’on ne vit pas ses aventures de la même manière et on rentre moins dans le scénario. ca reste du Ken et il y a quand même de bonnes choses (j’ai beaucoup apprécié sa « transformation » en Sylvester Stallone version Cobra par exemple, ou le petit clin d’oeil à Star Wars avec le cousin de Jabba the Hutt). L’importance croissante de Batt et Lynn est également une bonne chose sur le fond, surtout qu’ils sont bien employés. Mais d’un point de vue général, c’est un peu moins bon. Sans parler de la fin, qui n’en est pas vraiment une et qui laisse un goût d’inachevé. Certes, il était difficile de terminer un manga comme Hokuto no Ken mais je m’attendais vraiment à quelque chose d’autre.
Si vous avez décroché, je résume. J’ai beaucoup aimé Hokuto no Ken et j’ai préféré la première partie. Ne vous laissez pas abuser par l’anime de notre jeunesse, le manga est 100 fois mieux. Et ne vous arrêtez à l’apparente violence (enfin, réelle violence). Il y a plus que ça. C’est un manga sur l’espoir. Du moins, c’est comme ça que je l’ai perçu. Maintenant, les spin-off. J’ai déjà commencé et ils sont bons pour le moment. Atatatatata!!!