Le grand soir, de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Par Onarretetout

Je suis allé au cinéma. J’avais oublié que cela commençait par des publicités. Et le film a démarré après que, par les pubs, on a vu défiler la vie qu’on nous invente : trois B, Banque, Bagnole, Boisson. Et le film, c’est Le grand soir, la vie dans un centre commercial.

Liberté, Fraternité, cela pourrait être un sous-titre. Egalité sans doute pas, puisque c’est la crise, et que, à cause de la crise, ceux qui sont en retard (sur les objectifs) se font virer, même et surtout s’ils croient dur comme fer à la normalité. Normalité plutôt qu’égalité. Cependant, la liberté, c’est la solitude, c’est la rue (où il faut apprendre à s’économiser). La fraternité, c’est qu’on a besoin de l’autre, du frère, pour être Not Dead. Sans lui, tu n’es pas complet. Avec lui, tu es dans le présent, puisqu’il n’y a pas d’avenir et qu’il n’y a plus de passé. Les parents font leur commerce. Ils font des œuvres d’art avec des épluchures de pommes de terre. Ils ne digèrent pas que leurs enfants ne travaillent pas pour payer leur retraite. Pourtant ce sont eux qui leur ont donné le goût de la liberté. Et c’est eux qui leur diront de continuer. Détourner les marques qui envahissent nos vies, nos espaces, nos écrans. Y mettre le feu. Noircir l’écran du cinéma, puisque tout le monde s’en fout.

C’est un manifeste punk. « Nous sommes tous des punks à chien ». Cette société est pourrie, et il n’y a qu’une chose à faire : aller tout droit (tandis que les autres passent leur temps à remplir les coffres de leurs bagnoles), traverser les propriétés privées (illusion, puisque les maisons appartiennent aux banques qui vivent de notre endettement), ne pas atteindre l’âge adulte (puisque, après, tu n’as plus le temps de réaliser ta révolte). Mais c’est dur, c’est la rue, la solitude.