Garland Jeffreys : The King Of In Between

A la fin des années 70, Antoine De Caunes qui à cette époque se cantonnait au rock dans nos télés, n’avait que Bruce Springsteen et Garland Jeffreys à la bouche. Pour le Boss, je ne l’avais pas attendu pour en faire mon miel et comme cet Antoine semblait de bon conseil, je me suis laissé aller à tendre l’oreille vers l’autre. Et disons que de Ghost Writer (1977) en passant par l’excellent American Boy And Girl (1979) à Guts For Love (1983) il y avait toujours l’un de ses vinyles près de ma platine. Puis se fût le silence radio durant de longues années (le temps d’élever sa fille) avant néanmoins un bel effort en 1991 et Don’t Call Me Buckwheat. Pour moi l’aventure semblait s’arrêter là définitivement et si je savais qu’il n’était pas mort (68 ans aujourd’hui), je l’avais oublié.

Et puis sort ce nouveau disque que je n’attendais pas. Et puis la magie opère comme au bon veux temps, comme si le temps s’était suspendu sans altérer ni le talent d’écriture, ni la voix caractéristique de Garland Jeffreys, car inutile de faire durer le suspense, je sais votre temps compté, The King Of In Between est une réussite totale.

Côté comparses, Garland s’est entouré de Steve Jordan qui tient la batterie derrière Keith Richards quand celui-ci commet des albums en solo, Larry Campbell guitariste qui jouait avec Dylan, Junior Marvin guitariste lui aussi mais avec les Wailers s’il faut le préciser, tandis que son pote Lou Reed vient susurrer sur The Contortionist. 

Côté musique, un CD de treize titres pour une cinquantaine de minutes. Ca débute avec Coney Island Winter qui pulse bien, histoire de prouver d’entrée qu’il est bien vivant et toujours sur la brèche. Suit I’m Alive, pour enfoncer le clou, et totalement dans l’esprit de ses anciens opus. Un excellent titre pour raviver la fameuse magie dont je parlais plus haut. Avec Streetwise, la rythmique funky peut vaguement évoquer le Miss You des Rolling Stones, All Around The World est un reggae, alors que ‘Til John Lee Hooker Calls Me aborde comme on s’en doute le boogie, mais version Jeffreys. Love Is Not A Cliche est plus acoustique, The Beautiful Truth est un bien beau morceau sur un tempo plus lent, Roller Coaster Room est un ska qui donne envie de ressortir de leurs placards ses disques des Specials ou Madness. In God’s Waiting Room est carrément acoustique avec slide guitare.

Comme vous pouvez le constater sur cette rapide approche de quelques uns des titres du CD, Garland Jeffreys touche à tous les genre de musique, ça pourrait donner un album trop varié pour tenir la route, pourtant ce n’est pas le cas. Notre homme sait apporter sa touche personnelle, sa superbe voix et sa touche rythmique en font un disque immédiatement identifiable comme du Garland Jeffreys pur jus.

Alors, si vous aimiez l’artiste en 1979, vous l’adorerez en 2012, quant aux autres ils peuvent eux aussi se précipiter sur cette pépite musicale qui met de bonne humeur et force à sourire comme un bienheureux.