L’annonce faite ce 26 juin d’une hausse de vingt-deux-euros du SMIC me conduit à renouveler une question qui me taraude depuis des années : comment est-il possible qu’une augmentation aussi ridicule pour un smicard puisse devenir aussi monstrueusement gigantesque pour les entreprises qui pratiquent des salaires aussi plantureux ?
J’ai trouvé sur Nouvelobs.com un article de Gabrielle Rocca rapportant une interview de Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. Curieusement, Gabrielle Rocca intitule son article « Pourquoi le coup de pouce au Smic peut inquiéter » et le commence ainsi « L'augmentation du salaire minimum voulue par François Hollande pourrait avoir des conséquences négatives sur l'emploi ». J’avoue ne pas comprendre pourquoi une journaliste se permet de donner à son article un titre en contradiction avec son contenu, conclu par cette affirmation : « C'est donc avant tout une mesure symbolique ».
Sans savoir si l’auteur en est la journaliste ou l’économiste, j’ai aussi été choqué par cette phrase : « la majorité va donc augmenter le salaire minimum de 2% dès juillet ». Non, la majorité ne se prononce qu'au Parlement. Cette augmentation considérable n’a pas été décidée par quelque majorité mais par le gouvernement de la France.
J’ai aussi été étonné par une autre phrase de ce même article, phrase que j’aurais tendance à porter au crédit de l’économiste : « Lorsque le Smic augmente, les personnes dans les tranches de salaires supérieures négocient des rémunérations plus élevées ». Les dirigeants d'entreprises sont impuissants devant les décisions du gouvernement, même s'ils ne se privent pas d'influer sur ce même gouvernement à travers leurs organisations syndicales, Medef et CGPME. Celles-ci mènent des actions de lobbying, souvent couronnées de succès. Par contre, nul n'empêche ces patrons d'être plus fermes dans leurs négociations avec ceux qui bénéficient de rémunérations plus élevées et de ne leur accorder à eux aussi, dans un souci de justice, et de sauvegarde de l'emploi, que cette même augmentation considérable de vingt-deux euros par mois.