Aussi délirant qu’innovant !
Après l’excellent « Rubber », Quentin Dupieux nous revient avec son nouveau projet « Wrong », histoire de nous prouver à tous qu’il est aussi habile avec une caméra qu’avec des platines. Et une fois de plus, le métrage détonne dans le paysage cinématographique français en réinventant les codes de la comédie par l’absurde. Le synopsis tient une phrase : Dolph Springer part à la recherche de son chien disparu; mais le metteur en scène plonge les protagonistes dans un univers mystique, entre rêve et magie, où les digressions deviennent des intrigues à part entière et où seul Dupieux lui-même sait quelle sera la direction à suivre. S’il nous avait déjà prouvé qu’il était capable des pitchs les plus biscornus, il ne nous avait encore jamais montré autant d’inventivité et d’ingéniosité. On ne compte ainsi plus les trouvailles qui permettent d’agrémenter le récit de gags drolatiques pour procurer une singularité indéniable à l’ensemble (citons le mystère du sapin devenu palmier ou encore le peintre de voiture qui a remplacé le laveur de carreaux).
Mais plus qu’un simple vaudeville, « Wrong » flirte avec les sommets de l’esthétisme, le réel se confondant avec une douce fantasmagorie pour annihiler tous les repères du spectateur, le plongeant dans une autre dimension, un voyage sans limites où le rationnel n’est plus, mais où seule l’imagination survit. Si on accepte les règles de cette expédition, c’est-à-dire concéder à ce qu’il y en ait aucune, on ne pourra qu’être emballé et ébloui par le spectacle auquel on assiste. Outre son scénario, le métrage jouit d’un casting impeccable et d’une lumière flamboyante, le travail sur la photographie étant d’une rare qualité pour une comédie. Le rythme du montage, en phase avec l’action, offre une fluidité appréciable et renforce notre enivrement, d’autant plus qu’il est appuyé par d’excellentes sonorités.