BISPHÉNOL A: Exposition in utero et aberrations dans l’expression de gènes de l’utérus – ENDO 2012

Publié le 27 juin 2012 par Santelog @santelog

L'exposition prénatale au bisphénol A, ou BPA, peut conduire de nombreux gènes à répondre différemment à l'hormone œstrogène à l'âge adulte, donc dès la puberté, selon cette étude menée sur la souris et présentée à la 94e réunion annuelle de l'Endocrine Society à Houston. Cette recherche, qui met en évidence, plusieurs centaines d'aberrations dans l'expression des gènes de l'utérus de souris exposées in utero, confirme le principe de précaution d'une exposition minimale au BPA durant la grossesse.


L'étude, dirigée par le Dr Hugh Taylor, professeur d'endocrinologie de la reproduction à Yale constate en effet « des changements majeurs et permanents dans l'expression des gènes » chez des souris femelles exposées in utero au BPA. Le Dr Taylor précise que ces différences sont évidentes seulement après l'exposition aux œstrogènes, soit à la puberté, soit en cas de traitement œstrogénique. « L'hypersensibilité aux œstrogènes peut expliquer l'incidence accrue des troubles observés après exposition à des perturbateurs endocriniens comme le BPA », résume le Dr Taylor. On sait que le BPA est un perturbateur endocrinien déjà associé au risque de cancer du sein et à de nombreux troubles de reproduction chez la femme, en particulier en présence d'œstrogènes. Ainsi, on l'a déjà associé au risque de fibromes utérins, d'endométriose et d'hyperplasie de l'endomètre, un épaississement anormal de la muqueuse de l'utérus qui peut conduire au cancer de l'utérus.


Aberrations dans l'expression des gènes dans l'utérus : L'équipe du Dr Taylor montre sur des souris gravides exposées au BPA pendant environ 2 semaines à compter du 9è jour de leur gestation, que l'expression des gènes dans l'utérus de la progéniture femelle, après la maturation sexuelle, montre des changements importants dans l'expression des gènes. Après l'exposition aux œstrogènes à la puberté, le profil d'expression génique évolue également considérablement, toujours dans la descendance de ces souris exposées au BPA, avec 365 gènes dont l'expression s'avère modifiée de manière significative. Parmi ces gènes, 208 montrent des aberrations dans le schéma habituel de la méthylation de l'ADN, un processus biochimique qui régule l'expression génique. Au moins 14 des 208 gènes répondent aux œstrogènes, car directement réglementés par les œstrogènes par le biais de son récepteur.


Parmi les souris exposées au BPA, 316 autres gènes présentent une réponse altérée à l'œstradiol à la puberté. Parmi ces gènes, figurent certains qui n'avaient pas encore démontré de réponse exagérée au traitement par œstradiol ou des gènes qui n'étaient pas encore connus pour être régulés par les œstrogènes.


L'étude montre ainsi que l'exposition au BPA in utero entraîne une réactivité de l'utérus aux œstrogènes, à l'âge adulte et confirme, en pratique, que les femmes enceintes devraient réduire au minimum leur exposition au BPA.


Source: ENDO 2012: The 94th Annual Meeting BPA exposure in pregnant mice changes gene expression of female offspring


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