Il existe grossièrement deux façons de voir et d'apprécier un film : avec la tête et avec le cœur. On peut en effet juger de la qualité d'un métrage en faisant appel à notre intellect et tout notre bagage culturel, en critiquant ses qualités et défauts d'une manière se voulant la plus objective possible, mais aussi en écoutant simplement le cri de rage, de joie ou de tristesse qui semble immédiatement et instinctivement retentir au plus profond de nos tripes, de nos entrailles. Cependant, quel que soit le degré de notre inclinaison naturelle pour l'une ou l'autre de ces perceptions, on ne choisit jamais catégoriquement et définitivement une seule d'entre elles. Ces deux modes de jugement sont en vérité simultanés et se questionnent et répondent continuellement lors de notre vision d'une œuvre, même si celle-ci tente souvent de solliciter plus fortement telle ou telle partie du couple. En fait, réaction immédiate et réflexion posée s'entremêlent bien plus fortement qu'on ne le pense généralement, la seconde ne pouvant ignorer la première (à partir de laquelle elle se construit inévitablement), et la première se nourrissant forcément de la seconde (ou plus précisément des résultats que celle-ci a déjà donnés par le passé). Dans ce sens, si nombre de critiques essayent malheureusement (et en vain) d'étouffer leur cœur sous un océan de logique froide, voire d'uniquement revêtir le prestige de la toute puissante raison derrière un cynisme de pacotille, ou que d'autres (comme peut-être moi-même, je l'avoue) ont tendance à laisser un trop grand crédit aux puissantes vibrations remuant de toutes parts leur petit ventre d'amoureux transi du cinéma de genre, aucun d'entre eux ne peut en réalité taire la voix qu'ils ignorent plus ou moins consciemment, et encore moins faire l'économie du débat intérieur entre ces deux camarades/adversaires de tout temps. Pour The Raid, film d'action survitaminé et explosif à en provoquer une crise cardiaque chez mémé, la discussion argumentée entre "tête" et "cœur" s'est alors, pour ma part, plutôt apparentée à un combat furieux et sanglant des plus acharnés...
"Plus un geste, tête de nœud !"
"Eh là, calme-toi, l'ami..." "Ta gueule !"
"Toi, avec ta logique à deux balles, t'as pas aimé le film, j'le sens..."
"Mais qu'est-ce que tu racontes ? J'ai kiffé ma race..." "Ta gueule, j't'ai dit !"
"C'est vrai, j'ai vu que t'étais à fond au début, mais après..."
"Après aussi, j'ai pris mon pied ! T'es parano, mon vieux..." "La ferme !"
"C'est l'histoire, t'as pas aimé l'histoire..."
"J'm'en fous de l'histoire ! On va pas voir ce genre de film pour ça..." "Mais tu vas la fermer, ta gueule ?!"
"Si c'est pas l'histoire, j'vois pas..."
"Les scènes d'action déchirent la face ! Alors pourquoi tu sembles..."
"Rhaaaaa ! Lâche-moi la grappe, bâtard !!"
"Qu'est-ce que ça peut te foutre, ce que j'en pense du film ?!"
"J'te demande, moi, si tu préfères porter des slips ou des caleçons ?!"
"Puisque tu veux tout savoir, j'ai vraiment adoré la première moitié !"
"Y a une ambiance de malade, un rythme de ouf, et la réalisation claque méchamment la tronche !"
"On a droit a des gunfights de barjots et des combats au corps à coprs de cinglés !"
"Et surtout, on trouve des scènes de trouille ultra-intenses, qu'on croirait tout droit sorties d'un film de zombies !"
"Mais après, faut dire ce qui est, la seconde partie n'est plus qu'une suite d'affrontements à mains nues..."
"Et aussi géniaux et maîtrisés soient-ils, on perd alors ce qui, à mon sens, faisait le charme principal du métrage..."
"C'est-à-dire ce surprenant mélange entre film d'action classique, arts martiaux et horreur urbaine !"
"Tu rajoutes à cette petite déception pas mal d'incohérences scénaristiques et des personnages en carton..."
"Et ça ne peut alors m'empêcher d'avoir, malgré toute ma bonne volonté, un avis quelque peu mitigé !"
"Que ?!" "Espèce de..."
"Grosse enflure ! Waaaatcha !!"
"Arrête de faire ton pisse-froid ! "
"Sale intello ingrat de mes deux !"
"T'en connais beaucoup, toi, des films où..." "Attends !"
"...chaque affrontement s'achève sur une fatality à la Mortal Kombat ?! Yaaataah !!"
"Où l'on retient son souffle pendant quinze minutes face à l'extrême tension d'une scène d'action hors-normes ?!"
"Et où les nombreuses cascades sont aussi impressionnantes que réalistes ?!"
"Alors, nous les brise pas pour trois détails !" "C'est juste que..."
"Même si c'est génial, je m'attendais à quelque chose d'encore plus fort !"
"J'espérais voir un chef-d’œuvre à la Die Hard, avec des arts martiaux en plus !"
"Que ?! (T'étais pas au sol ?)" "Espèce de..."
"Sale gosse pourri gâté ! Ruuuuyoooh !!"
"Y a pas assez de Nutella sur ta tartine alors tu boudes, c'est ça ?!"
"Je vais te tartiner la gueule, moi, tu vas voir !" "Non ! Stop ! C'est bon, j'ai compris !"
"Coucou ! Moi, j'aime pas le Nutella. C'est pas bon, beurk !"
"Je préfère la confitu..." "On t'a pas demandé ton avis, tâcheron !"
"Ben quoi ?! Moi aussi, j'aime pas le Nutellaaaaaaaa !!"
"Maman !" "Rhaaa ! Retenez-moi ou j'en fais du saucisson!" "Je te retiens ! Je te retiens !"
"Hello tout le monde ! C'est moi, Chuck Norris !"
"Comme vous vous en doutez certainement, je suis le maître spirituel de Deuz, l'auteur de ce super blog (ici à ma gauche)."
"Je vais donc (comme toujours) trancher pour lui dans ce débat animé et vous donner son avis définitif sur The Raid..."
"IT'S A KICK-ASS MOVIE, BABY !"
"Wouf ! (Merci, Chuck Norris !)" "De rien, Deuz, de rien..."
Titre original : The Raid : Redemption (et un truc en niakoué pour la version niakouèse)
Réalisé par : Gareth Evans
Date de sortie française : 20 juin 2012