Paru depuis le 30 mai 2012 aux Editions Demi-Lune, précisément dans la collection Voix du Monde, «Fela Kuti, le génie de l'afrobeat» est une biographie du célèbre musicien nigérian écrite par François Bensignor.
L'ouvrage riche en couleurs et en sons, selon Africultures, invite le public à (re)découvrir le destin de cet artiste hors pair, à la fois auteur-compositeur, interprète, arrangeur, pianiste, danseur et surtout saxophoniste. Evidemment, Fela Hildegart Ransome, de son vrai nom, reste l'un de ceux qui ont marqué le XXème siècle de leur empreinte. En effet, l'art de Fela Anikulapo-Kuti (1938-1997) est caractérisé par un engagement tellement exceptionnel que cela lui coûtait d'être maintes fois jeté en prison par les autorités militaires qui se sont succédé à la tête de son pays.
L'influence de Fela sur la musique, la culture, l'art en général et la politique en Afrique et dans ses diasporas reste donc indéniable. En somme, le chef de Kalakuta Republic, l'homme au torse souvent nu et aux inombrables femmes rivalisant de charme et de beauté, a fait de l'afrobeat ou de la juju music un phénomène mondial. Polyrythmie africaine, bourdons cadencés de guitares, vrombissement jazzy des cuivres, improvisations solistes, choeurs africains et chorégraphie frénétique. Ainsi se présente cet art du Nigérian dont l'on se délectait, lors des soirées chaudes dans son club, le Shrine. Il savait aussi bien haranguer la foule que dénoncer en yoruba puis en pidgin, toutes les tares du système qui rendent la vie insupportable aux Africains. Les kilométriques mais narcotiques «Shakara», «Lady», «Zombie», «Army Arrangement», «ITT» et «No agreement» figurent en place de choix parmi ses chefs-d'oeuvre.
Personnalité iconoclaste, provocateur plein de courage, fervent panafricaniste, pourfendeur des régimes militaires qui ont ruiné son pays, Fela est avant tout ce génial créateur né dans une famille de notables. Sa carrière musicale commence à Londres, en Angleterre, où il atterrit en 1958 pour des raisons d'études supérieures. Son premier groupe est dénommé «Koola Lobitos». Avec cet ensemble, il séduit les étudiants de Lagos par son style débonnaire entre le jazz et le highlife alors en vogue dans la sous-région. Son voyage de 1969 à Los Angeles l'ouvre à la politique. S'appropriant le message des Black Panthers à son retour, Fela forge avec son groupe qu'il rebaptise Africa 70, cette fabuleuse tension qu'est l'afrobeat. L'artiste est mort, vive l'artiste !