Magazine Bons plans
Benjamin MiNiMuM
Producteur capverdien et ami de longue date de Cesaria Evora, José Da Silva a fait revivre les chansons de la diva aux pieds nus dans un spectacle qui lui était entièrement dédié. Teofilo Chantre, Tito Paris, Maria Alice et Nancy Vieira ont tous répondu présents, comme les musiciens de la grande dame. Retour avec le producteur sur l’hommage rendu à Cesaria Evora au festival Rio Loco 2012.
Cet hommage, comment vous l’avez construit ? José Da Silva : Au départ, Hervé Bordier, le directeur du Rio Loco m’a approché pour inviter Cesaria au festival. Cesaria était d’accord. Hervé voulait faire un concert différent : il voulait que ce soit Cesaria qui invite des artistes capverdiens à monter sur scène avec elle. Malheureusement, en décembre, Cesaria décède. Hervé m’annonce alors qu’on garde l’idée mais qu’on le transforme en concert hommage à Cesaria. J’ai accepté mais j’ai dit que, si on voulait bien le faire, il fallait avoir le groupe de Cesaria, ses musiciens du Cap-Vert ! Donc on a monté le groupe et on a choisi les artistes très proches de Cesaria, qu’elle-même aurait voulu inviter : Teofilo Chantre, Tito Paris, Maria Alice, Nancy Vieira. On a même commencé à travailler le show plus tôt, parce qu’entretemps le gouvernement du Cap-Vert a décidé d’organiser un concert d’hommage à Cesaria pour l’inauguration de l’aéroport de Sao Vicente! On a travaillé en collaboration avec Tito Paris. Avec lui et Khaly, le chef d’orchestre de Cesaria, nous avons peaufiné le spectacle dans un théâtre à Toulouse. On a demandé aux artistes de chanter ce qui leur plaisait le plus dans le répertoire de Cesaria, ce qu’ils se sentaient à même de bien chanter. Et, par rapport à leur choix, on a calé les chansons, on a monté le spectacle, des duos, des rencontres. Le groupe de Cesaria est très présent et les choristes de Cesaria prennent aussi le chant. Notre but, c’était d’honorer un engagement de Cesaria.
Les artistes doivent être très émus de remonter sur scène et chanter les morceaux sans elle ? José Da Silva : C’est clair ! Pendant les répétitions, pendant tous ces moments qu’on vit ensemble, Cesaria est toujours là. Tout le monde en parle et il y a des moments de grande émotion. Lorsque les artistes chantent des morceaux qui leur sont chers, on a quelques larmes. Surement des éclats de rire aussi, car Cesaria était très drôle ? José Da Silva : Enormément d’éclats de rire ! Chaque personne a une histoire de Cesaria à raconter et chaque fois on en rit à cœur ouvert ! Le Mondo'Mix de Cesaria Evora Ces rires, ces pleurs, ces émotions font partie de l’héritage laissé par Cesaria ? José Da Silva : Oui, c’est ce qu’elle a laissé. Mais c’est aussi ça, être capverdien. Le Capverdien est toujours partagé entre les pleurs et la fête. La saudade, les gens pensent que c’est la tristesse. Mais au milieu de la saudade, il y a ce côté gai ! Derrière une morna, il y a toujours une coladeira ! Une coladeira, c’est quoi ? C’est juste une morna accélérée ! Donc la gaieté n’est jamais loin, même quand on est dans des moments tristes, d’émotion. Derrière, il y a toujours ce côté festif. Et c’était ça Cesaria.source : Mondomix