la rumeur du grand arbre
qui frémit dans tes mots
ne sort pas de ta tête
ni de ses paysages sans nom
mais des livres que tu as lus
et qui dansent sur l’ombre
de présents disparus
•
Considérant toute chose
on finit en effet par en voir le vide
considérant le vide
on finit par en voir la lumière
ce prétendu réel
au fond des yeux
est-ce présence
pensée
ou seulement puits de braises
entre deux ?
•
la naissance du poème
ressemble à l’argent de l’écaille
qui dans la nuit répond
au miroir de la lune
et nage dans l’ombre noire du ciel immense
•
quant au miroir du poème
il ressemble à l’oiseau qui marche à l’envers
et tente de mieux voir
le paysage qui vole en lui
parfois l’air vient dans l’eau
tandis que l’eau s’immerge
dans un air où se confondent
poisson et oiseau
parfois aussi bien se dissout le miroir
où reste suspendu le temps des mots
du verbe et du silence confondus
Claude Margat, Matin de silence, poème, préface de Bernard Noël, L’Escampette, 2011, pp.19, 20, 44 et 45
Claude Margat dans Poezibao
bio-bibliographie, questions de mots, entretiens Bernard Noël et Claude Margat (par A. Malaprade), ext 1, matin de silence (par Sylvie Fabre G.), ext. 2